Projet solo de Jordan Philippe, actif en nos scènes depuis plus de 15 ans, accompagnant de formations comme Pierre Bertrand (Paris Jazz Big Band), Mahmoud Ahmed et le Badume’s Band, Le Swing Society, Bikini Machine, Dam’Fonk ou Percubaba, mais aussi saxophoniste/compositeur dans ses projets Out Of Nola et La Machine Ronde, Everyday In June façonne une électro multi-peau où les genres -jazz, rock, hip-hop, soul-funk, folktronica (excusez l’appellation…) et bien d’autres- convolent au service de trames elles aussi plurielles dans leurs textures. Avec Wall of Sound, tout ça est recensé sur neuf morceaux riches, dont The midnight special fait flotter et resplendir, dans une parure électro-jazz (de manière approximative car vous l’aurez saisi, le bonhomme fusionne sévère) céleste et imaginative, tout le pouvoir d’attraction. Singulier, l’artiste offre là une recette personnelle, née de ses aventures, de sa route déjà conséquente, et des compétences accumulées. Le titre éponyme, sorte de hip-hop aux reflets jazz que des tambours secouent, délivre sa sérénité flamboyante. On fait preuve, ici, de finesse et d’une grande créativité. Des voix sensibles s’invitent.
A chaque morceau, correspond sa -bonne- surprise. On ne sait où l’attendre, ce Everyday In June, et c’est ça qui nous le rend si valeureux. Ground control to major 7th, majestueusement jazzy, fait briller son saxophone feutré et se vêt d’un pouls électro alerte. Autour, des sons lunaires se font entendre. Dreamers valley, en syncopes rythmiques et motifs bien trouvés, fait mouche à son tour. Une basse électro fait groover le tout, jusqu’à le rendre tout bonnement irrésistible. Un chant hors-pistes arrive, bienvenu. Il y a là de la vie, des idées par pelletées, une identité de nature à faire la différence et pencher la balance du bon côté. Paris-Rennes, dark et vivace, céleste également, instaure alors une virée agitée. Ses scories psyché l’avantagent, il change de ton à l’envi et sans s’y planter. Everyday In June nous emmène en terrain nouveau, emboitons-lui le pas de ce pas.
Avec Music box, à l’intitulé éloquent, on donne vie à un jazz extrait de son socle, passé au filtre d’initiatives judicieuses. Wall of Sound est le type de disque qui pourrait, aisément, rallier les réfractaires à la cause du genre ou tout au moins, les amener à l’approcher de manière mois distanciée. Noir de jais et ses samples cinématographiques se déroule lentement, s’emballe ensuite, recourt lui aussi à des sonorités ingénieuses. C’est beau à entendre, et ça transporte régulièrement. Même sans chant et pourtant, j’avoue préférer sa présence. Jordan aurait son rang au Label Bleu, implanté à la Maison de la Culture de ma ville d’Amiens. Gathering of the spirits, de ses voix à la Air, y erre (dans l’air, pour ceux qui me font l’honneur de me lire). Il ne dit pas son genre, à l’image de l’ouvrage dans son intégralité.
En fin de trip Ghost, d’un durée un poil plus étendue, continue à nous faire voler. Légèrement exotique, il déracine une dernière fois. Opus de grande portée, Wall of Sound initie une série de voyages sonores songeurs et animés, joliment ornés, pensés malgré leur abords instinctifs. Il fait honneur à son auteur, pourrait à mon sens pousser ses excès plus loin encore mais qu’importe: pour un premier effort solo, Everyday In June dépose un rendu hybride aux nombreux effets positifs sur le corps et l’esprit de l’auditeur potentiel.