Fondé, en 2017, par trois amis qui se retrouvent après avoir mis fin à leurs projets respectifs (Pandacide et Eliza), Bleu Nuit a sorti Le jardin des mémoires, en avril 2019 (Chez Requiem Pour Un Twister en France, tout de même). Chantant en Français, cold et pop, poétique, dark et new-wave, pêle-mêle, il remet le couvert avec ce Métal qui parait, lui, chez October Tone Records où il côtoie, excusez du peu, Hassan K, Hermetic Delight, BBCC ou encore Pauwels et Fun Fun Funeral, tous choyés chez Muzzart. Annoncé comme « plus sombre » que le précédent, que je ne connais pas, Métal ne manque pas d’atouts et en effet ses effluves ombrées chuchotées, sur le titre éponyme par exemple où l’apport du saxophone d’Elyze Venne-Deshaies est de taille , parviennent à retenir l’attention, à la troubler même de par l’incrustation de bruits dérangeants et d’implosions poussées. Clef d’or, vif, permet d’éveiller l’intérêt, de suite. En contrepoint au chant, doucereux et lettré, surgissent des sonorités truffées de plaies. Mensonges, ensuite, se pare de new-wave et de cold-wave, serpente, susurre. Sur huit titres, Bleu Nuit berce et, parallèlement, lance des grenades soniques. Il a du chien, construit des cabanes où le clair-obscur s’installe.
On se surprend, une fois de plus, à kiffer leur vibe (excusez l’écart de langage, un brin ironique à l’égard de deux qui le pratiquent…). Résistance, leste, orné de bruits qui une fois de plus raflent la mise, trace et même pas il se ramasse. Tout tient droit, dans la déviance, chez Bleu Nuit. Oscillations, bien nommé, implante l’identité du groupe. Celle-ci est décelable, porte l’opus, et démarque Bleu Nuit en ces temps où tout se ressemble, si on ne prend pas la peine de fureter, dans la production musicale. Soutenu par le Conseil des arts et des lettres du Québec, Bleu Nuit flirte avec Suicide quand débute son Automate. Qui, vite, s’emporte dans la finesse vocale. On flotte dans l’air, en même temps qu’on se fait culbuter par des sons polissons. On en redemande, la came est de choix et dispense de toute autre consommation autre que la sienne, grandement profitable.
Photos William Daviau.
Avec Métal, mentionné plus haut, on psychéise. Passé à l’éther, le morceau s’apparente à une hypnose sous perfusion d’embardées givrées. Du bon, encore. Tout comme Météore, plus pop mais tout de même griffu, éclatant. L’album n’inclut « que » huit plages, certes, mais aucune ne lui porte atteinte. Utopie, à la dernière place d’une série bien réelle, achève toute résistance. Sa voix façon Daho (si si), pop et distinguée, se confronte à des grooves électro-dark remuants. Il n’en faut pas plus, aux hommes de Montréal, pour convaincre et valider les bonnes impressions distillées par leur premier LP. October Tone peut s’enorgueillir, fort d’un tel produit, de compléter sa liste de « releases » d’une rondelle de grande qualité, de couleur…Bleu Nuit, où siègent des compositions à l’accroche sûre.