Projet solo d’Anna Nin (auparavant connue sous le nom de None), basée en Allemagne, Glaring fait dans le shoegaze/coldwave/post-punk machin (vraiment très) chouette. La belle empile emplie les sorties, toutes envoûtent et Nebula, la dernière en date, nous arrive depuis la brume avec, dans sa besace, neuf morceaux allégoriques qui se figent dans une magnifique torpeur comme ils peuvent, l’instant d’après, s’adonner à une sphère cold façon The Cure dont Anna détient par ailleurs un poster (l’excellent Restless). Far away, en ouverture, fait déjà dans le sûr. Saccades à la Jessica 93, vrilles shoegaze, décor cold et vitesse de course post-punk. Voix de vapeur, séduisante, un brin distante. Tout est dit, Human plague peut alors s’inscrire dans la veine « inerte » dont je parle plus haut. L’effet est le même, on se prend au jeu d’atmosphères qui doivent plus au crépuscule, à ces instants dont on émerge difficilement, qu’à la lumière du jour. Isolation world, lancinant mais marqué, dresse un mur de sons, sur cadence retenue, qui fait merveille dans sa flemmardise. On est, de plus en plus, dans l’adhésion au registre de Glaring.
Celui-ci, signé chez Wave Tension Records, et c’est loin d’aggraver son cas, fait preuve de dextérité. Restless, évoqué plus haut, hausse le rythme sans toutefois filer. Ses basses jettent du froid, contrebalancé par des notes claires. Glaring sait y faire. Pain walks with me, annonciateur de troubles certains, a pour mission de mettre le mal à distance. Ses synthés l’y aident, ses syncopes en douceur paraissent traduire cette alternance, dans le quotidien, entre touches de bonheur et désillusion. C’est un climat à la The Cure, à nouveau, qui nous est présenté mais au delà de ce constat, il est clair et évident que Glaring impose, depuis un temps déjà conséquent, ses propres esquisses. Detachment, alerte, cold au chant bien entendu éthéré, le confirme. Nappes des claviers, jolies et pas loin de l’enjoué. Fumée de chant. Terminé, on lui donne nos votes. Weightless, bien nommé, s’envole et finit de créditer Anna Nin, dont on visitera l’oeuvre générale au risque d’y passer de nombreuses heures.
Plus loin We all leave in the end, flottant, dreamy, fait son Cocteau Twins. Celui qui, s’éloignant de ses trames froides de départ, percute des contrés où le songe règne. C’est beau, c’est prenant au point qu’on y reste suspendu. Vanth, entre synthés fins et rythme sec, propose un dernier décollage. Il se fait, on l’aura deviné, sous le joug d’une voix qui attire, susurre, et de sons cristallins baignés dans une glace chaleureuse car attrayante. Nebula se termine là, Glaring ponctue donc sa discographie d’un album une fois de plus estimable. Son monde, désenchanté, mérite toute notre estime et se drape dans des milieux où peine et espoir voisinent, au gré d’un panel sans cesse plaisant. Nul besoin d’en dire plus, ni d’en faire des tonnes: on plie sans conditions, tombé dans le panneau d’une Allemande entièrement vouée à ses sons, à son monde intérieur, jusqu’à en extraire des morceaux de haute volée au contenu très personnel.