The Breakbeast is a project started at the beginning of 2020 by saxophonist Sergio Pomante (Sudoku Killer, String Theory, ex-Ulan Bator), drummer Alessandro Vagnoni (Bologna Violenta, Ronin, Drovag) and bassist/vocalist Mario di Battista (La Mala Sementa, Ulan Bator). Voilà comment se présente le trio ici concerné, aux influences si larges que je serais bien en peine de toutes les nommer. Retenons que les mecs fusionnent, sans réelles limites, et pondent avec ce Monkey Riding God de sept titres un bazar musical digne des formations 90’s issues de la même caste. Fishbone, par exemple, les Red Hot des débuts, ou encore Urban Dance Squad. A ceci près que The Breakbeast, expérimenté, met son grain de sel dans la mixture. The Trickster Who Invented Xenofunk glisse entre les stylos de ceux qui veulent le ranger, lui attribuer une chapelle précise. Il cuivre avec entrain, groove tel un Primus, joue vocalement, bûcheronne comme il peut se faire subtil. Il dépayse bien sûr, prend une tangente jungle ornée par le sax. Voix rap sombre et choeurs plus enjoués voisinent, sous couverts d’élans jazzy. Merveilleux. Ca joue bien, en plus de dévier tout aussi vaillamment. Depeengo (Feat. Egreen) pointe ses notes, s’africanise, place de l’Italien dans ses vocaux. Trop bon, pour la deuxième fois et ça ne sera pas la dernière.
En effet Cop Porn, soucieux de garder le cap, marie bruits de sirènes et trame jazz enlevée. Il est brut, finaud aussi, changeant dans ses cadences. Sans plus forcer que le reste, il rafle les suffrages. The Breakbeast cartonne, ne plie surtout pas devant la bienséance. Il entraine, dans son sillage, ceux qui affectionnent le brassage des genres. Phunk Is Not Dead, à sa moitié, s’agite sous l’effet de sa batterie que le saxo accompagne avec vivacité. Ca scratche. Le groove de The Breakbeast est juteux, ébouriffant. A aucun moment, on ne peut en prévoir l’orientation. La basse charpente, bien en vue, des compositions sans failles. On suit volontiers, malgré les détours qu’impose Monkey Riding God. La maîtrise de ces trois-là, continuelle, leur permet une certaine audace. On ne s’aventure pas sur ces terrains, osés, sans tenir ce qu’on fait. Salves funky rudes, puis fin du titre. A Thousand Elephants Are Shitting On Wall Street, hilarant dans son intitulé, vient peser et lâcher du psyché, fou et pété du bulbe, dans un chaudron déjà bien fumant. Qu’il est bon de recevoir, sous pli d’Italie, de tels disques promo. A l’issue des besoins animaliers Ending Anthroposcene From A Monkeys’ Rave Party, bondissant lui aussi, s’invite au délire.
Il jazzfunke, avance par pulsions. C’est, à nouveau, dérangé mais bien imaginé. Ca rentre dedans, mais avec subtilité. A la fin, c’est complètement débridé. De phase en phase, la folie créative de The Breakbeast, qui derrière sa fantaisie cache un propos profond, le hisse au plus haut niveau de ce qu’on appelle la fusion. Le tout avec son identité, audible, et dans une belle unité. Nomadic war machine, entre jazz à nouveau hirsute et électro faite de sons bargeots, initie une dernière virée. Après s’être modéré, il renoue avec la versatilité. Il ne se nomme pas, à l’instar de l’album qu’il conclut. Ca s’écoute, ça s’éprouve, d’ailleurs, bien plus que ça ne se parle si ce n’est pour en vanter les nombreux atouts. The Breakbeast, en sept titres-pitres de haute volée, joue à saute-mouton avec les genres, évoquant sa pochette où un singe se cramponne aux cornes dudit animal. Son opus est une régalade, une bien belle surprise qui se destine aux oreilles les plus curieuses et ça tombe bien, il se trouve que vous et moi en sommes…