Le Singe Blanc? Je connais grave, y sont graves! Vus 2 fois en live, chroniqués ici, les Messins stoppent leur carrière. Après 700 concerts, 11 albums et 20 ans de sinuosité musicale. Mais l’animal, histoire de rendre hommage et de laisser une dernière trace sillonnée bien cintrée, a le bon goût de nous refourguer Gol-Goth Attack III. Une galette où siègent neuf collabs’ avec des formations ayant, ici et là, partagé le parcours du trio basse x2 + batterie et chant fou. Allez, ça débute dans la culbute avec La santé des nuques rouges (avec CULTURE EMOTION). « Qu’est-ce que c’est encore que c’putain d’bordel? », braille le voisinage. Y connaissent pas, bien trop rangés. Ca disonne, ça prend des airs de valse titubante, ça chante avec joliesse mais déraison ici (sur le disque, je précise). Nous voilà encore bien embarqués, ça se met à groover comme le fait Primus. Les voix, elles, font le crooner taré. Du coup, on valide. Don Julio (avec SECTE et M. VERDUN) hésite, bluesy, bancal et merveilleux. On n’a pas fini, avec de tels énergumènes, d’aller manger la pelouse. Le morceau est psyché, il déraille et échappe à tout classement. Il change, à l’envi, de direction.
Déjà par terre, on prend alors une targette nommée Boringo (avec DON NINO et BSTN CHMPNS). Bourru et, tu l’as deviné, vocalement cinglé voire animalier, l’effort fait péter un groove maousse. Fichtre! Le double vinyl de toute beauté, enregistré avant le split du clan, a réellement de la gueule. Takayaka pourquoi (avec EVE et HEIDI, vont pas bien non plus ceux-là!) voit les basses ponctuer le truc, les sons partir en vrille(s). C’est de la drogue ce truc, l’addiction va finir par gagner le match. Sur plus de huit minutes, l’enfilade de climats percute notre contrôle. J’en peux plus, c’est le troisième support envoyé par Les Disques de la Face Cachée que je chronique ce jour. Je sais plus où j’habite. Dérouté, lessivé, je me ressaisis car le Singe Blanc, c’est du haut de gamme. Les vocaux font les cons, à nouveau. Exotique, la compo se consomme à pleins pots. Les rivières de sang (avec KRINATOR -de ma ville d’Amiens- et BESOIN DEAD) introduit une sorte de bordel de radio report avant, pas difficile à prévoir, de se mettre à bifurquer. C’est captivant, foutraque et patraque et ça matraque comme un CRS devant un cortège de manifestants. Et ce vinyl, wwwoowww! Mais ça, j’en ai déjà parlé….et puis voilà que les voix se marrent, p+++++ c’est perché comme il faut ce Gol-Goth Attack III!
Photo Will Dum.
Avec Non lavoro per te (avec RICCARDO RICO GAMONDI), fort heureusement, on renoue avec une totale normalité. Je plaisante, ça serait plutôt la norme alitée. Ca funke, ça fusionne, ça se balade quelque part entre la jungle et le club. Y’a de l’Italien, pour se la raconter évidemment! On les connait, ces frimeurs là! Toujours à péter plus haut que leurs disques! Incroyable, déplorable! Bref, du génie. J’entends du scratch, des percus à la rue. Trop bon. C’est le chaos, TGV (avec VAL L’ENCLUME et M. MARCAILLE, sacré flambeur aussi çui-là!) s’y vautre avec délices. C’est d’la bonne, de la substance des bas fonds de Metz, copain! Lourde, massive, la chanson perd pieds. Comme si, un moment donné, le tout avait flotté sans boire la tasse. Inconcevable. Allez, on y va pour quelques ruades sans gouvernail. Obsessionnel, Gol-Goth Attack III nous fait regretter le départ du Singe Blanc. Il met en exergue, aussi, les groupes qui lui donnent le change. Des gens bien sages, aux lignes droites et soumises (en voilà une bonne…).
C’est bien pour ça que Gango Prudyo Blasterko (avec TRRRMA et PAVEL VIRY), entre riffs acides et syncopes psychotropes, nous emmène une fois de plus dans un dédale de sons extravagants. Surtout extras, en fait. A l’heure d’en finir, ou avant la prochaine surprise (on sait jamais avec eux), 2MN (avec DOUBLE NELSON) entre en conflit avec les convenances. Double Nelson, t’façon, c’est la même. J’adore sévère. Ca se dirige vers le n’importe quoi et ça finit par en faire un truc classe. On vocifère, on truffe le machin de rythmes souples, de bruits dérangés. On prend un autre sentier, sans prévenir le moniteur. A l’arrivée c’est le Singe Blanc qui gagne, encore aussi bonnard alors qu’il a rendu son dernier souffle. Et puis ce vinyl, visuellement magique mais il semblerait que quelques lignes plus haut, j’aie déjà évoqué l’histoire….