Projet de Gregory Hoepffner, multi-instrumentiste affairé qui en drive plus d’un (de projet), Almeeva fait dans la techno/électro chantée, pour faire (trop) court. To all my friends, EP fruit d’une vie désormais suédoise, synonyme de retour du plaisir via une rencontre décisive avec le producteur Christoffer Berg (Fever Ray, The Knife, Robyn, Depeche Mode…), libère un artiste qui ne se pose plus de questions ou, plutôt, s’en pose bien moins. Libre et sans entraves, il laisse libre cours à ses idées, nombreuses, sans s’interroger sur la nature ou le format du rendu. Si le chant reste pop, l’amorce, avec le titre éponyme, virevolte dans les tréfonds des souterrains club (de Gothenburg, peut-être?). Alerte et bouclée, l’entrée en matière fait déjà transpirer. Si on se perd, un peu, dans la multiplicité des ouvrages du bonhomme, force est de reconnaitre que dans chacun d’entre eux, il insuffle dynamisme et qualité. Explorer et sa house au piano, porteuse d’un message fort et convaincu («Do it, just do what you’re called to do. It doesn’t matter if anybody wants it, explore it anyway »), suit en s’élevant dans les cieux. De l’underground, on passe donc à du céleste toutefois cadencé. Avec, éparses, des voix susurrées/mélodieuses de teneur doucereuse. Et ces sons, toujours bien trouvés.
Il n’est donc pas difficile, surtout quand le tout s’emporte et commence à bruisser, de mettre les deux pieds dans le piège. Ever Out Weatherall le confirme d’ailleurs. Nébuleux et agité, il renoue avec les bas-fonds club où règne le stroboscope. Almeeva sait faire, ça ne se conteste pas. Jamais linéaire, il oscille, trébuche pour toujours se relever, trace mais fend les cieux, aussi, et accouche au final de morceaux accomplis. Ca sent la fête d’après défaite, sous terre, un brin tourmentée car ne l’oublions pas, c’est souvent de là qu’on tire le meilleur d’un point de vue artistique. Church Of Ecstasy dévale pour illustrer ça, mais il est trop bref pour qu’on le prenne entièrement en compte. Ce n’est rien, Slowly Fading (feat. Pencey Sloe) se pointe alors et là, on a droit à une électro-pop féminisée, brumeuse, qui fait son effet.
Je préfère de mon côté, certes, l’appuyé, le rythmé. Mais reconnaissons que même dans l’option nuageuse, Almeeva parvient à s’illustrer en laissant filtrer, derrière ses efforts, une saveur d’épreuve à digérer. Son EP est exutoire, à mon sens, et c’est bien ça qui régulièrement le crédite. To all my friends sort chez Baciami Disques qui, si j’ai bien capté, résulte aussi de l’initiative de Gregory Hoepffner. Preuve supplémentaire de l’envol définitif d’un être qui place en ses oeuvres une grande charge émotionnelle, traduite la plupart du temps par des travaux solides.