Festival parmi les plus marquants de la place Picarde, le Festiv’Art lançait son édition 2021 forte de six dates, ce samedi soir, dans le joli cadre de la salle Jules Verne. L’événement tire sa révérence, s’ensuivront des souvenirs marquants, issus de lieux divers et de formations tout aussi larges, au gré d’un panel artistique de choix. Ce sont en l’occurrence la fantaisie et le one man show qui furent mis, dans un premier temps, à l’honneur avec ce diable de Porcapizza. Un Italien facétieux, fabriquant de ses propres instruments à partir d’une raquette de tennis qui aurait pu appartenir à Vitas Gerulaitis, d’une machine à écrire, d’un skate-board ou encore d’un téléphone. C’est parti pour un show où le Foxy lady d’Hendrix, par exemple, passe à la moulinette d’n show aux airs de communion avec le public, emballé dès les premières sorties de route du bonhomme. Le registre est peu commun, c’est ce qui en fait l’attrait et le gaillard a de plus le sens du partage, créant en outre une multitude de sons inédits. On dirait Tom Waits, par moments, pour la bricole sonore captivante. C’est du génie, il faut le dire. Seul, autonome dans sa polissonnerie, Massimo Tortella fédère et invente, joue avec dextérité et brosse un éventail ouvert, très souvent vigoureux. Le Festiv’Art, d’emblée et derechef, surprend son monde avec ce musicien hors du commun, acclamé au point de se voir « contraint » de livrer un rappel.
Porcapizza.
On se sent vivre, on se sent ivre. De son. la soirée promet et s’amorce de la meilleure des manières. Je croise, avec grand plaisir, des têtes connues aux mines réjouies par l’ouverture signée Porcapizza. Une bière et quelques échanges plus loin, je me poste face à la scène avec en tête, le sentiment qu’une tornade scénique va nous déferler dessus. Les mecs se mettent en place, dans la bonne humeur, en trio auquel on ne la fait pas. C’est The Spunyboys, ça gicle et bien vite, les élans rockab’ des acolytes aux mille concerts dépassés embrasent la salle. Si sa jauge est limitée, conditions sanitaires obligent, l’impact du groupe, lui, est sans commune mesure. Effluves rock’n’roll nourries, country ou rhythm’N’blues se télescopent, les lillois mettent le feu et plusieurs fois, on verra le contrebassiste aller prendre son bain de foule, ou manier son instrument comme une partenaire de danse ou de scène. Spunyboys, c’est pas sage mais ça te balance du sourire de canaille et ça tient la scène comme le font les plus grands. L’énergie est débridée, le répertoire d’une qualité millésimée. On joue avec panache, la gestuelle est bien entendu remuante. La symbiose entre ces trois-là, quant à elle, ne se discute pas; elle se vit, se danse et l’assistance ne se fait d’ailleurs pas prier pour passer à l’acte.
Spunyboys.
Spunyboys cartonne, Spunyboys bastonne. Les Nordistes sont en place depuis belle lurette, se sont dopés au live et c’est bien peu de dire que dans ce domaine, ils surfent allègrement sur la vague de leur mouvance. Incandescents, indécents, aussi, de brio et de tenue scénique, ils délivrent une ribambelle de morceaux sans accrocs. Il y a dans leur set une mainmise, doublée de liberté et d’un esprit bien « wild » mais bienveillant, qui les place au delà de tout soupçon. Ils sont de plus distingués, entre tenue de circonstance et banane/gomina, parfaitement dans le ton d’une scène toute en déraison salvatrice. C’est samedi soir, c’est certes « la première d’une dernière » mais retenons avant toute chose qu’avant le clap de fin, nous aurons vécu cette date de feu et, dans sa foulée, plusieurs autres dont le contenu affiche d’ores et déjà de belles promesses. On en remercie le Festiv’Art et son équipe, cela va de soi. Une team toujours sur le pont, au flair certain, qu’on salue donc avec reconnaissance dans l’attente des cinq lives à venir.
Spunyboys.
Photos William Dumont.