Echappé des incontournables JC Satan, dont on ne rappelle plus les vertus, Arthur Satan tranche légèrement avec le registre de ladite formation, sur ce So far so good à l’éclat pop récurrent qui voit le jour, c’est dire sa fiabilité, chez Born Bad. En ligne de mire, dix trésors mélodiques qui n’oublient tout de même pas qu’on peut entrer en éruption (la fin noisy de l’excellentissime Summer, qui ouvre le bal dans ses vêtements pop chatoyants, ou encore ce Free qui après un début délicat, doté de voix superbes, laisse passer quelques éclairs électriques). Une évidence s’impose, de suite: en termes d’arrangements, d’interprétation, l’artiste met à distance respectable toute forme de redite ou de platitude.
Racées, ses chansons louchent vers les Kinks ou les Beatles, au point d’en friser l’intemporelle valeur. Love blee, dans un écrin délicat, le voit entériner des dispositions que son appartenance à JC Satan ne laissait guère présager de prime abord. On l’aime, plus encore, pour ça et pour l’accroche de ses efforts, le soin qu’il y apporte, et leurs textures faussement polies parfois (ce même Love blee). Passé l’effet de surprise, on tombe « in love » d’autant plus facilement que l’alambiqué -mais pas trop- She’s long gone vient à son tour caresser nos écoutilles.
On est tout de même gâtés, le gars est si doué qu’il n’est que difficilement pensable de fuir son registre. She’s hotter than the sun, au gré d’une pop dont la portée m’évoque Supergrass, tiens donc, encore une clique estimable!, renforce l’impression. Il permet aux guitares, sévères, d’arroser une composition sublimement poppy. Il a pour suite The boy in the frame, porté par des envolées bridées (quoique..), qui renvoie un éclat de nature à inonder l’opus dans son entièreté. Chants élégants, décors en or, propension à enflammer la flanelle font de So far so good une sortie majeure, surprenante, même, s’agissant d’un « debut album ». It’s all the same, saccadé, dans sa posture entre rudesse joliette et constellation pop de toute beauté, psyché et salée autant que bien mise, dénonce un fait que nous avions tous très vite perçu: l’écriture d’Arthur, c’est tout de même quelque chose. Il nacre ses « tracks » d’une électricité elle aussi notable, tant dans le déchainement que dans la tempérance. Time is mine en est la parfaite illustration, offensivement mélodique, bordée comme le font les plus grands.
On tutoie le très haut niveau, The nap offre alors un interlude bref, dont la répétition annonce le terminal Boredom is quiet. Celui-ci, paysage pop apaisé, termine en planant, fort de motifs qui ne cessent de se redire. Mais des encarts impolis surgissent, troublant l’apparente tranquillité du morceau. Arthur Satan étonne, enchante aussi et surtout. La toute fin de son album s’exalte, fait l’impertinente, scintille une dernière fois vocalement. Arthur Larregle, c’est ainsi qu’il se nomme dans le civil, propose ici un magot pop précieux sans être prétentieux. C’est au contraire sa vérité, sa liberté qui a le mérite de ne jamais rimer ave dispersion, qui en font le sel et le hissent à l’échelon le plus élevé d’une pop diablement chanceuse de se voir dotée d’un tel ouvrage.