La drone-pop de Dummy mélange guitares puissantes et ambiance céleste. Les mélodies sixties et la noise pop britannique des années 90 se mêlent au jazz spirituel, au new age japonais et au minimalisme italien (j’ai pompé sur la bio, par flemmardise). Mazette! En plus ce groupe de cinq, sorti un peu de nulle part, a sorti ses deux premiers ep’s au format K7 et pour son Dummy aux douze titres qui font le pitre, il atterrit chez Trouble in Mind. Arty sans nous y perdre, lyrique au pont de nous retenir, il surprend et fait le serpent. Si Protostar, en lever de rideau, se fait court et céleste, psychotrope, doté de voix éthérées bien dreamy, c’est surtout avec Fissured Ceramics que l’épopée commence à secouer. Stereolab me vient à l’esprit, l’effort est en plus rythmé et paré de reflets shoegaze. J’aime sans condition, c’est mélodieux mais un tantinet trituré aussi. Ca vire noisy tout en demeurant spatial, kraut sur les bords. Trippant à coup sûr, tout comme Final Weapon et ses sons entrelacés façon video game.
Le rendu est dépaysant, louche vers l’orient, pose une cadence appuyée. Les voix s’associent, mélodiques. Deuxième voyage à prendre en compte, à l’arrêt soudain. Punk Product #4 prend alors les manettes, shoegaze, 90’s, vrombissant. Ses guitares mordent, belles. Un crachin de sons tombe, on ne s’en abrite surtout pas. Dummy sait s’arrêter, de plus, quand tout est dit. Il évite donc le superflu, ça lui permet de ne garder que l’essentiel et ça lui réussit. Cloud Pleaser éclaircit le trait, moins noisy et tout aussi acceptable. Il s’agite façon My Bloody Valentine sur certains titres de Loveless. L’intro new-age de H.V.A.C. dissimule une superbe pop, pétrie de motifs super et répétés, tandis que le chant réitère son aspect sucré. On coupe l’élan, puis la cacophonie s’impose. Sans s’étendre. Mince, voilà encore de la dope sonore! J’en prends une narinade, avide de ce son polisson. Break nuageux, bien placé. On plane, haut.
Avec Tapestry Distortion, il nous est permis de redescendre, via un sentier reposant. Psyché aussi, de par ses airs lancinants. On prend, de toute façon, puisque rien n’est à jeter. S’il a l’air de presque rompre, le morceau reste sur le fil. Unremarkable Wilderness lance alors une trame intrigante, qui introduit en fait l’excellent -lui aussi- Daffodils. Shoegaze, propre et sali, rêveur mais vivace. Valorisé, qui en doutait?, par des motifs malins et une alliance vocale « homme-femme ». Son final fait du bruit, stoppe sans prévenir. X-Static Blanket suit en crissant, truffé de sons psychés dans leur teneur. A ce moment je rends les armes, ce Dummy est réellement de haut vol. Aluminum In Retrograde lui donne une touche presque folk, charmeuse, dream-pop également. Il sort de sa torpeur, sans complètement la quitter. Remarquable, Mandatory Enjoyment caresse et rudoie avec la même portée. Il se termine avec Atonal Poem, d’une durée plus conséquente que le reste.
Ses tons d’ailleurs -orient à nouveau?-, le font briller. On est redirigé vers des sphères posées, répétitives, qui font leur effet. Est-ce que ça va imploser?, me dis-je, prêt à faire face au tournant bruitiste. Mais non: Atonal Poem s’envole dans une lenteur qui obsède, sans brusquer qui que ce soit, un chant venant en orner la toute fin de pair avec une cadence « mid ». C’est la dernière virée maison, en « conclusion concluante », d’un album que j’ai sacrément bien fait de « commander » à la promo, me doutant à l’avance d’un contenu sans fautes ni courbettes à une normalité réductrice.