Quatrième album -le second chez Sacred Bones– pour le Black Marble de Chris Stewart, qui pour le coup remonte le temps pour se connecter à la chambre d’enfants oubliée de l’ère analogique, aux beaux jours des boucles et synthés toujours sur le point de se désaccorder. L’homme de Brooklyn fait bien, ça nous donne onze titres synth-pop occasionnellement cold qui, empilés, constituent une collection addictive que truffent de superbes synthés, entre autres éléments mis en place pour embellir le tout. Bodies, par exemple, se pare de guitares déflagrantes, sur de courts instants. Mais avant ça le trompeur Somewhere, d’abord perché dans les cieux, puis mid-tempo avant de complètement « tracer », aura projeté une première roquette décisive. On retrouve un Black Marble fidèle à lui-même, j’entends par là talentueux et passionnant de par ses créations accrocheuses jusqu’au terme de son disque. Celui-ci pulse, déborde de motifs qui forcent à les apprécier, longuement. Royal walls, dans ce léger-alerte qui lui va bien, virevolte en électro-pop accomplie. Voilà le type de disque dont on ne zappe rien, sans le moindre temps faible à l’horizon.
Try, lui aussi « filant », prolonge le plaisir né du trio de morceaux d’amorce. On est là dans de belles mélodies, soignées, que Black Marble enrobe de rythmes souvent soutenus. Ca pétille, ça se danse avec enthousiasme, c’est Black Marble et depuis 2012, discographiquement parlant, ça réjouit les foules. Il est magnifique, ce Try, au delà d’un ensemble ayant fière dégaine. The garden le suit, plus haché, tout aussi présentable. Notes finaudes, voix éparse en font le charme. Puis on repasse à du saccadé, derechef, quand arrive Say it first. Un tantinet 80’s, brumeusement cold aussi. Avant que Streetlight, orné avec autant de gout, ne vienne réimpulser une cadence remuante. Fast idol est sucré, pop mais aussi dark, à l’occasion, et fait valoir des décors sans excès qui sans cesse séduisent.
Ceiling, légèrement cold justement, maintient l’opus sur les bons rails. Ceux où l’on file, lancé sur la voie d’un succès mérité. Ship to shore, presque funky, évoque les late 70’s et cette vague de groupes hautement créatifs, en marge des conventions. Fast idol s’écoute en continu: Stewart a su, comme à l’habitude, nous concocter une rondelle solide. Qui, lorsqu’elle s’emporte, contente plus encore. Ship to shore souffle des sons aussi joyeux qu’acides, prend une tournure presque dub. Puis électro-pop, doucereuse mais animée. Preoccupation ondule, s’éclaire, s’ombrage et vire crooner, un peu, vocalement. Tout est plaisant ici; il va de soi que l’on reconnait Black Marble, désormais, comme une entité incontournable.
Brighter and bigger, à l’issue, privilégie une approche atmosphérique, moins nerveuse. On termine donc paisiblement, Fast Idol pose une balise où on marquera l’arrêt, dans une série de sorties à la personnalité évidente. Après le déjà excellent Bigger than life, en octobre 2019, Black Marble s’affirme, s’il le fallait encore, le temps d’un disque digeste, sans poids ni ratés.