Basés à Montréal, les malfrats soniques dansants de Choses Sauvages donnent une suite à leur album éponyme, paru en août 2018. Une série de morceaux groovants et funky, spatiaux aussi, qui d’emblée et sans consulter qui que ce soit, font suer les corps et songer les têtes. L’irrésistible Homme-machine vient mêler psyché, synthés 80’s et ruades funky, donc, pour faire bien plus que plaire. Le chant en Français se place sans forcer, le panel singulier enfanté par Félix Bélisle: voix, basse, claviers; Marc-Antoine Barbier: voix, guitare, claviers; Tommy Bélisle: voix, claviers; Thierry Malépart: voix, guitare, claviers et Philippe Gauthier Boudreau: voix, batterie, percussions, qui laisse une large part à tout ce qui est pianos, synthétiseurs et « drum-machines », démarque évidemment la clique canadienne. Conseil solaire, de ses gimmicks qui flinguent et obsèdent, simples, s’acidule tout en restant songeur dans le chant. On oscille, à nouveau, au son de Choses Sauvages. Lequel, dans ce parti de ne pas faire de choix entre danse et instants volants, fait…le bon choix. Ca l’amène, ici, à un rendu dont on ne peut nier l’impact. Les basses viennent slapper, mettre du rétro délectable dans un disque déjà attrayant.
Chambre d’écho, appuyé, fait à son tour effet. On relève, une fois de plus, une foule de sons qui font mouche. Il y a une légèreté vivace, des mélodies et textes imaginatifs qui créditent le quintette, dans cette nouvelle salve assez enivrante, à l’écoute de laquelle on décolle tout en se trémoussant. Quelques guitares rudoyantes prennent place, Science du bruit se met à funker avec, presque, docilité. Un tantinet exotique, il laisse jouer les synthés. Vague, bien nommé, l’imite en se faisant plus mordant. On se laisse submerger, avec grand plaisir. La musique, entre texture « space-funk » et sonorités électro « d’antan mais de maintenant », s’impose sans insister. Sans chant, il parvient pourtant à trouver son rang. Interlude, planant, doté d’une voix samplée -celle, pour le coup, du Docteur François Borgeat-, assure le lien vers Colosse qui se meut dans la coolitude absolue. Alors que Château de fantômes, souple et vif, en remet un plein godet qu’on ne se privera pas de s’envoyer. L’élixir a bon goût, il est de plus « fruité » et personnel.
Les voix, du poids d’une plume, s’acoquinent là avec des traits plus rock. C’est le moment que choisit Araignée, trituré, haut perché parfois, dans une veine rock ondulante, pour tisser sa toile. On amorce le dernier virage, dans le sillage de ce Dimensions qui en prend une d’importance (de dimension, pour ceux qui suivent encore), à nouveau entre délié et moments plus ardents. Le recette fonctionne à merveille: elle dépayse même parfois, un peu-beaucoup, quand l’armada de synthés mis en usage laisse libre cours à ses délires. Choses Sauvages crée un registre sien, qui fait du bien et renvoie du coffre tout en se voulant « light » et sans poids en trop. C’est une belle trouvaille, étoffée par douze compositions que Face D vient fermer avec le niveau musical d’une face A. Sur plus de huit minutes, il place son cosmisme et engendre un nouveau décollage psychotrope, nébuleux, du plus bel effet. Avec maestria, Choses Sauvages offre au final un second jet de qualité optimale, trippant et à part, aux nombreuses vertus bienfaisantes.