Déjà honorés par ici, les Bretons de Bantam Lyons nous refont le coup du (très) bon album avec Mardell, nouvelle fournée de huit titres marqués par un post-punk à l’Anglaise, vivace, dont s’extraient de belles mélodies. Ils y mettent du shoegaze, des élans vocaux à la mélancolie qui évoquerait un Robert Smith, et déboulent d’emblée avec un titre élevé, appelé Christopher Champagne. Une ouverture toute en fougue, enfiévrée, qui déjà les emmène vers notre totale considération. Désormais à cinq (Maëlan Carquet, Loïc Le Cam et Nicolas Soulâtre-Varea, rejoints par Benoît Guchet et Samuel Rolland), les brestois d’ origine font honneur à des mouvances teintées par la pluie de leur ville. Wilhelmine, dans un écrin pop magnifique, dans le flux de guitares splendides, en renvoie l’éclat lorsque celle-ci, éclairée par des lampadaires blafards, étincèle allégoriquement. On n’oublie pas, on y prend même un malin plaisir, de piquer comme il se doit. Ca et là donc, des ruades plus sévères pimentent l’opus.
Avec Philatélie Frontale, dans une drapure cold-wave qui lui sied parfaitement, Bantam Lyons sertit son gris avec joliesse. C’est là qu’il se révèle; lorsque, de ses reflets ombragés, il réalise des chansons étoilées. Des efforts de ferveur, mélodieux autant qu’hérissés. Pintor en est, poppy sans être trop poli. Il gronde même, carillonne, fait un peu son Chameleons. Digne de ses sources, le quintette maintient une certaine exigence. L’amateur de mélodies charmeuses s’y retrouvera, celui qui aime le bruit, les envolées façon JAMC, pas moins. Plutôt de l’ère Darklands alors, dans une sensibilité pop habillée de noir. St Dô, porté par une batterie marquée, la met d’ailleurs en exergue. Il se corde, avec pas mal d’élégance, et fait vrombir ses accords. On est raccord, rien ne flanche sur ces morceaux là.
On n’a pas fini, sur ce Mardell, de se replonger dans un passé, redevable aux 80’s entre autres, qui fit notre bonheur. Ar ster, vif, intenable, superbement ourlé, balourde son urgence. Il y a du Joy Division, de l’Interpol aussi, dans ce que fait Bantam Lyons qui, à l’occasion de ce disque abouti et à écouter d’un jet, parfait sa personnalité. Il a de la gueule, come on aime à dire d’un rendu de fière allure. La basse de Branque, qui ne l’est pas du tout, apporte un groove froid. J’ai craqué, j’ai demandé le cd à la promo. J’entends bien, sans modération, en propager le son. Le faire connaitre à la bonne branche, celle des Jul et autres Gim’s, ces grands artistes à la pointe de l’avant-garde. Au terme de ce trait d’humour pourri, Branque (ah tiens…justement) valide l’entrée des Bantam Lyons dans la cour de ceux qui font tout bien, sans faux pas.
The Lass of Brecon, pour finir -huit troussées, c’est vite passé-, sautille en mode pop automnale. Je pense, pour les mélopées et les tendances développées, à Vertical qui vient lui de Saint Nazaire. C’est sur dix minutes où le noisy d’un Sonic Youth, celui de Rather Ripped, pointe son nez dans les festivités, que Bantam Lyons termine le boulot. C’est beau, ça mord un peu/beaucoup et c’est ça qu’on aime. J’en prends, pour ma part, une pleine bâfrée. Faut pas de priver, c’est du fiable et de l’indé, cultivé chez Music From the Masses. De quoi capituler, entièrement rallié au drapeau Bantam Lyons et à ses irréprochables perles faites maison, sous le crachin d’une région qui semble grandement l’inspirer.