No One, en ce qui me concerne, c’est d’abord la gifle La Peau, en 94. Rage, fusion pétrie de colère, parpaings à la face des salopards qui tirent les manettes. Cinq lives incandescents, portés par une armada de morceaux qui blastent sévère. De plus en plus, même, au fil des scènes. Amiens (Lune des Pirates), en 97. Longueau (Théâtre de la Renaissance), au mitan des 00’s. Revelles (R4), en 2018. Eu (Murmure du Son), en 2019. Des albums solidement campés sur leur haine des véreux, une identité qu’aujourd’hui, Ennemis renforce en étayant, s’il le fallait encore, l’approche du groupe. Très live, urgent et uni, il aligne onze brulots imparables. On y dénonce, on y défonce, on y appelle à la résistance, à ne pas céder. « La résistance emmerde, la haine nationale », scande Dobermann qui, pour débuter, déboule batterie speedée et guitares en feu en bandoulière. Ca groove comme…du No one, imparablement. La plume de Kmar est bien loin de s’être tarie, trempée dans l’encre d’une rébellion plus que jamais chevillée au corps. Autour de lui, ça ferraille dans l’unité. L’intensité est à son zénith, La caste enchaine de ses saccades en furie. L’injustice, fer de lance du discours de No One, est dans la collimateur. Le clan, lucide, lui tire dessus à boulets rouges. Un break, puis ça repart plein pot. Sans complaisance aucune, dans le courant d’une rancœur attisée par l’époque en cours.
Forces du désordre, sur fond de « bavures » policières, assène le troisième pavé. Clippé plus bas, compact, boosté par des riffs mastoc et un drumming sauvage. Le discours, plus que jamais, fédère. No One is Innocent défend les…Innocents; Ennemis est son tank, son arme de destruction -des vautours, des rapaces issus des sphères- massive, d’une efficience redoutable. Nous sommes pulse sous l’impulsion de la basse, les futs y sont, à nouveau, galopants. Ennemis ne laisse que peu de répit, perdure en impact, place la barre très haut. Humiliation débarque, d’un rock tranchant et méchant. Les refrains, comme de coutume, dégoupillent. « Comme une balle, comme une balle dans l’dos », ainsi que le prétend Kmar sur ledit morceau. Armistice, en instrumental apaisé, un brin oriental, impose un court répit. Les hyènes de l’info, dans la foulée, posent leur griffe rude, bourrue, alors que le leader module son chant. Des incrustes mélodiques se font entendre, bien amenées.
On est en présence, sans nul doute, d’un grand cru. Les hyènes de l’info agresse, riffe wild, se tempère, libère ses guitares dans un solo mélodique remarquable. Tout ça à la fois, dans la gueule d’un monde où l’info pue le faux et fait défaut. Polit blitzkrieg, en fusionnant, balance son ardeur…et les dérives, en pluie, d’une politique au sale goût de fric, de gain au détriment de l’humain. Un standard de plus, pour No one, inspiré par des « dirigeants » indigents. We are Big Brother, dans son sillage, taillé dans la même rage qui n’a cure de l’âge, part en courant. Punk-rock dans son exécution, doté de choeurs virils, il raffermit un disque déjà consistant et conséquent. Rythmique en feu, guitares de fer, plus tranquilles quand ça leur prend donc pas trop. Ennemis est un Bulldozer, en phase avec l’intitulé de son avant-dernière balle. Une furia rock d’abord lourde, pesante du point de vue de la cadence, qui ensuite instaure des voix mélodieuses en contrepoint avec une instrumentation surexcitée. Pas un instant, sur Ennemis, on n’aura eu à zapper le moindre accord, la moindre frappe, la moindre diatribe Kamrienne.
Photos live Will Dum.
No One, on l’aura compris, met tout le monde d’accord. Alors Aux armes aux décibels, où se pointe, excusez du peu, Stéphane Buriez de Loudblast, ne souffre pas plus la critique. Up-tempo, dans le rouge, fort lui aussi de lyrics qui rassemblent et donnent ce surplus de force, d’union, il conclut sans dérailler, pourtant lancé sur des rails où tout se fait à grande vitesse. Sa terminaison se passe de raison, le sieur Buriez y place ses beuglantes habituelles. Il est, évidement, d’une efficacité qu’on ne peut contester. « Lève les poings et montre les crooocs!! », éructe t-il pour, sur la dernière salve d’un Ennemis qui connait les siens, apporter sa touche à une cuvée puissante, sans temps morts et encore moins d’erreurs dans le jeu et l’écriture. Le tout depuis 30 ans bientôt, jusqu’à devenir une institution, un bastion du rock qui part au front sans craindre le moindre retour de balle, après huit briques discographiques rageusement cimentées.