Dans les 90’s, ou à leur aube, je me disais, nous nous disions entre rockeurs encore verts: « Le rap JAMAIS! L’électro JAMAIS! ». Je trouvais Public Enemy, avec ses pendules pendantes, ridicule. Puis j’y suis venu, assez vite, m’éduquant les écoutilles. M’ouvrant, là où d’autres se murent dans la prétention à avoir raison. Vitalic? Je fus indifférent, lors de la JAE 2017, dans ma ville d’Amiens, à sa prestation « de fin de soirée ». Mais ce Dissidænce – épisode 1, reçu bien avant sa sortie, modifie ma perception. D’abord écouté distraitement, j’en gardais finalement en tête, bien nets, les grooves répétés. Cette énergie, aussi, cette pluie de gimmicks qui font qu’aujourd’hui, je l’écoute fréquemment.
Comme quoi, le buté n’est pas si futé…(les concernés, si vous me lisez, ces lignes sont pour vous! Bisous). Allez on y va, son électro n’est pas de trop. Le gaillard de Grenoble officie depuis longtemps et quand bien même longévité n’est pas systématiquement synonyme de solidité, je dois avouer que Haute définition, chargé de présenter l’épopée dissidente, impulse un trip chanté qui n’est pas sans conséquences. Ca cloche joliment, à l’écoute vous saisirez mes propos. Il y a du chant là où, très souvent j’en déplore l’absence. C’est à la fois intime et exubérant, spatial et cadencé. Ca passe facile, Basile. Je hoche la tête, pour approuver cette fois. On dirait, par instants, LCD Soundsystem et ça, ça ne gâche pas l’affaire.
Oh, il y après ça ce Rave Against the System (feat Kiddy Smile) souterrain, fuck sonore au système, moite et tubesque. Enragé, offensif. On a beau dire, ça fait la diff’. « Rave, against, the system! We won’t stop, we can’t stop! ». C’est dit, après ça Lost time peut redescendre d’un cran voire deux, en fendant les nuages. Dissidænce, appelée à voir le jour en 2 épisodes dont voilà donc le premier, propose diversité et vigueur marquée, selon Vitalic lui-même, par l’énergie rock de ses premiers albums. J’avoue ne pas les connaître, Danse avec moi me ramène de toute façon à celui-ci et fait baisser mes résistances. Il virevolte, offre des textes valables, comme venus de loin. Une fois de plus, les sons à la Vitalic (m’)incitent à dodeliner du chef. Je valide, mon corps également. Comme quoi…mais je radote, Cosmic renegade me déferle dessus. Perché et séquencé, alerte. J’entre en Dissidænce, j’éteints les lights. L’ épisode 1 donne sa pleine mesure. On en est à 14 AM, déjà?? On n’a pas vu la nuit passer, on émerge sans trop de violence au gré de ce morceau tout de même vivace, sans vocaux. Il est temps de s’adresser à la jeunesse, via ce Boomer OK que j’adore car outre l’humour véhiculé, il remet le jeunot niais à son exacte place.
Et puis il trace, détale, sert de la boucle à tout-va. OK boomer, m’assènes-tu? Boomer is OK, il va t’en remontrer. Carbonized, à l’issue, file à son tour. Droit, sans trop de détours, en filtrant du son sombre, des encarts acides. Des voix, aussi, plutôt inamicales. Vitalic l’emporte, à l’énergie, par la valeur de ses compositions. Je révise mon jugement, j’attends par ailleurs son Dissidænce – épisode 2 avec une curiosité certaine. Il se pourrait même que j’aille explorer, sous un angle nouveau, la discographie de l’artiste de chez nous. Sans garantie d’adoration, loin s’en faut, ma préférence restant au rock écorché et ses divers dérivés « bifurcants ». Mais avec la perspective, improbable il y a encore peu de temps, d’y trouver d’agréables créations, en phase avec une largesse d’esprit que ma prime jeunesse a dans un premier temps entravée au point de m’aveugler, réduit à une vision encore bien trop étriquée.