J’ai renoué avec la Lune « dans ses murs » (Hypnotic Brass Ensemble, fabuleux), avec la Lune « hors-cadre » (Hoorsees, indément excellent), avec les expos-concerts aussi (Yolande Bashing, fou). Il ne me manquait, pour consacrer les retrouvailles avec la salle du quartier Saint Leu, que ses immanquables Bruits de Lune où nombre de formations valeureuses se sont révélées à mes écoutilles. Je ne les énumèrerai pas, le courage me manque et « anyway », la priorité ne se situe pas là. C’est bel et bien les deux clans cités en titre, en l’occurrence, qu’il s’agit d’honorer. L’un issu de Chantilly et Coye La Forêt, jolie cité boisée où nichent les Trois Châteaux, nommé Stubborn Trees. L’autre amienois, jouissivement 90’s, ayant pour nom Orange Youth. Des projets à dominante 90’s, appelés donc à se produire 30 minutes sur la scène lunaire avant d’être interviewés par l’équipe de Bruits de Lune. Le temps de quelques interventions, de quelques cadeaux gagnés aussi car à Bruits de Lune, on aime offrir, ce sont donc les Isariens qui foulent les planches, dotés d’un répertoire grungy aux mélodies-limonade que le live met en exergue.
Stubborn Trees + équipe Bruits de Lune.
Ca cingle, guitares bourrues à l’appui. Ca castagne, ça nous ramène à Silverchair ou à des combos comme les Breeders (Phony lights, excellent). 90’s donc, majoritairement et ça se prend surtout quand, comme moi, on en est issu et qu’on s’est gavé au nectar indie de ladite période. Laquelle, intemporelle, a aussi fait pleuvoir en France son lot de groupes à cocher dans l’agenda. Entering the fray, entre autres morceaux sans défauts, fait parler la poudre. Dans sa parfaite balance entre force de frappe et mélopées reluisantes, fort, aussi, d’un No regrets qui trace et gicle, Stubborn Trees convainc. Keep going, percutant, nacré de sons plaisants, renforce la tenue du quatuor. Sa bassiste Laurie, d’une féminité qui ne peut que rehausser, encore, un projet prometteur, apporte sa touche. Remember..les Breeders, justement, ou Veruca Salt. On ne peut le nier, ça amène un plus. Ce vendredi sort un single clippé, le 12 novembre un nouvel EP voit le jour. L’allant mélodique de Stubborn Trees, son énergie et la fiabilité de ses chansons en font une belle trouvaille, qui mériterait le support de structures reconnues. Chères SMACS, si vous me lisez…mais Les locaux d’Orange Youth, emmenés par un guitariste-chanteur vêtu, ça ne s’invente pas, d’un t-shirt Ride qui a du en voir, du live shoegaze-noisy façon Oxford, troussé par Andy Bell et les siens, sont déjà prêts.
Stubborn Trees.
Ce sont des aguerris, dopés aux Pixies que d’ailleurs, on entendait en fond sonore à notre arrivée à la Lune, ce soir. On perçoit chez eux, aussi, Lemonheads, Sebadoh ou encore Pavement. 90’s à bloc, noisy-pop, un brin shoegaze, bardé de sons de gratte qui euphorisent. On n’oublie pas le mélodies, on les salit un peu car trop propres, eh bien…elles sont trop propres! Lo-fi (Flying high), vrombissante comme un Malkmus (Lily), dépositaire de ritournelles enchanteresses, la clique m’emmène sur les nuages et me fait perdre 25 ans. Bad habits, entre Pixies et Foil, achève de la crédibiliser. J’aperçois dans le public, postés au premier rang, deux gaillards de Last Night We Killed Pineapple. Ils trippent, eux aussi, en lovers du rock qui tâche. Je vais ressortir mon Nowhere, mon Doolittle, mon Slanted and enchanted ou encore mon Bakesale, emballé par la prestation d’Orange Youth. On a chez nous, comme déjà et maintes fois écrit par ici, toute la qualité nécessaire. Nos groupes sont estimables, en nombre et ce, toutes castes confondues. Bruits de Lune et ses deux hôtes du jour viennent de le démontrer, au gré de sonorités 90’s parfaitement réhabilitées, selon un panel large et devant autant aux beaux airs qu’à des encarts nettement plus enragés, Dirty comme une galette de Sonic Youth.
Orange Youth.
Photos William Dumont.