Déjà dépositaire, en 2018, d’un Last train de qualité, discographiquement actif depuis 2003, le chanteur et guitariste Phil Fernandez tient le cap avec Chicken in the car and the car can’t go, 10ème album enregistré à la maison, chez Paco Lefty hand, et mixé à Chicago. Dix titres blues-rock sans toc ni tricherie, que le morceau éponyme lance entre feutré jazzy et rusticité de la voix, le tout dopé par des guitares qui n’hésitent pas à sortir les crocs, blues et stylées. On fait dans le vrai, dans la lignée d’un gaillard à qui on ne demandera plus d’asseoir son savoir-faire. Up and down the road, de ses saccades nappées d’orgue, démontre de plus qu’il sait éviter l’écueil du tout semblable. Il est subtil mais alerte, on en note comme souvent la flamboyance du décor et les incartades guitaristiques de feu. 300 miles for a chat enchaine, posé. Les voix s’y lient, une fois de plus les six-cordes s’en viennent troubler le déroulé. Classieusement, évidemment. Dévoué à ce blues qui lui coule dans les veines, ici orné à l’harmonica, Big Dez lui fait honneur. Le rythmé et fougueux Oh! Baby doll trace, il amène une énergie bienvenue dans la série de Big Dez et ses acolytes. Leur expérience, aiguisée, les amenant à un rendu sans failles béantes.
Plus loin Willing and able, d’abord gospelisant, impose sa subtilité. Il funke, un peu, et laisse ses vocaux se faire caméléon. La guitare, ici et encore, y va de son jeu enflammé. La clique a du prendre, ça se sent à l’écoute, un vif plaisir à concevoir ce Chicken in the car and the car can’t go. Fall in love again, dans le sentiment, privilégie le climatique, la voix sensible, prise par le ressenti amoureux. J’aime moins, moi l’aficionado de rock qui fait tomber les frocs. Qu’à cela ne tienne, le groovy Flip the coin réinjecte une vigueur marquée. Il pourrait tout de même, le Philou, nous rudoyer plus souvent et plus « wildement » encore. On en serait fort peu marri. Set him free virevolte, renvoie lui aussi du style et de la mainmise. Il s’enhardit, merci à lui. J’attends toutefois, de ce Big Bez qui sait y faire, davantage de temps colériques. Il n’y a pourtant rien, sur ces dix plages qui rutilent, à lui reprocher. C’est le féru de sonorités rugueuses qui parle, désireux de se faire culbuter par une bourrasque de puissance sonique. I got to find my baby sent bon l blues, celui d’antan joué aujourd’hui.
Big Dez est à son aise, alors que se profile la fin de course. Il n’a pas flanché, en phase avec ses aptitudes. C’est Texas Barbès Q, « twisty » à souhait, qui ferme la marche en instrumental. Il le fait ave entrain, se pare de notes jazzy bien amenées. Chez Big Dez, on joue bien et sans se prendre pour Dieu. Le propos est entier, fiable et crédible. Si certains, après une telle bordée d’albums, remplissent et ennuient quelque peu, le bonhomme continue, de son côté, à assurer la bonne tenue de sa collection. Chicken in the car and the car can’t go l’illustre donc avec mérite: il va bon train, cimenté par six intervenants à l’union porteuse et aboutie.