Depuis 2005 Social Square, en formule guitare-batterie depuis peu, perpétue un rock indé sauvage mais aussi mélodique. S’il s’en est toujours, jusqu’alors, tenu à des eps, le voilà qui débarque avec un premier album. L’approche s’est étoffée; on note nombre de sons et samples qui viennent enrichir le registre, matérialisé par treize chansons bonnardes. Patrick Haour (vocals, guitars, computer) et Faez Politzer (real drum kit, electronic drum kit, percussions, theremin, backing vocals), à deux et avec l’appui de quelques guests, dont Laura Balance de Superchunk sur Keeping Track of Numbers, alors qu’elle intervient sur une conférence “Featured Session”, enfantent des titres de qualité, comme à l’habitude ai-je envie de dire. Le morceau cité plus haut, dynamique, saccadé, pose la première banderille. Y siègent, bienvenus, des sonorités nouvelles. On sait la paire, dans son cercle indé, capable de passer de la pop (presque) propre à des élans rock percutants. Tantalizing Youth riffe ardemment, se fait compact et cadencé. Ca sonne « 90’s renouvelé », relevé par ces incrustes judicieuses. Au sein d’un seul et même morceau, on ne rechigne pas à changer de braquet. Valeureux, Social Square aurait du récolter une reconnaissance bien plus marquée. Wire in my Soul est écorché mais également sensible, les synthés trouvent une place qui n’envahit jamais le résultat. Strip, d’une pop aérienne, étend le panel. Son final bruisse, sans trop s’emporter. Shrinking Slab évolue par secousses, de batterie, en mariant côté « wild » et tempérance. Demeurent, intactes, les ritournelles soignées.
Fairness in the System, lancinant, couple bruits « neufs » et rock fougueux, syncopé. Social Square maîtrise sa recette, jamais dans le dur. Il peut crier aussi, de temps à autres. Ca durcit l’affaire et personne ne le déplorera. Shortcuts, Pixien sur son début, dans ses guitares, poste une ambiance subtile et, en fond, orageuse. My Reflection est la parfaite illustration d’une vision étayée, entre rock qui croque et bordures de notes « de maintenant ». Sans se trahir, loin s’en faut, Social Square fait pour ainsi dire peau neuve. A ses accalmies succèdent des temps bourrus, bien placés. On a beau chercher, se tenir à l’affut de l’erreur: Songs vs. Life ne délivre que du bon, de bout en bout. The Way I See It laisse ses claviers broder, joliment, sobrement. je n’avais plus de news du groupe, jusqu’à l’arrivée d’un mail m’avertissant de l’arrivée de Songs vs. Life. Souvenirs plaisants en tête, je n’ai pas hésité. Ce ne fut pas un tort, The Scary Part me donne d’ailleurs raison en livrant une pop faussement polie. Songs vs. Life, dont la pochette est signée Half Bob, exprime l’idée qu’en dépit des contraintes et obligations liées au quotidien, on peut persévérer dans le fait de faire de la musique. On approuve l’idée en notant bien, malheureusement, que ce disque sera aussi le dernier. Les deux acolytes ayant tout de même, derrière eux, un parcours conséquent que l’opus en présence balise fièrement.
I Thought It Would Matter, bondissant puis plus céleste, en entame la dernière ligne droite avec prestance. On ne peut que relever, ici et derechef, l’apport des samples et autres sons entièrement créés par Social Square himself. L’album a été enregistré par Ben Auriel et Arnaud Clergue au studio Bellagio, à Boulogne Billancourt, et par Guillaume Sandret et Pablo Saguez au Ventre de la Baleine, à Pantin. Il a été masterisé par Mat Leffler-Schulman, à Baltimore. Le boulot est de choix, Who’s Standing in the Way impulse un rock sous tension modérée, puis plus ouverte, avant un terme que Fairness Reprise (Godspeed) marque de ses soubresauts nerveux. A aucun moment, on n’a eu à redire. C’est d’ailleurs une constante, chez Social Square, que cette capacité à ne rien planter. S’il a fallu, avant ce Songs vs. Life accompli, concilier doute, au vu des sorties éparses du projet, et patience, ce premier et dernier LP récompense largement notre persévérance. Songs vs. Life sort de plus chez Influenza Records, comme les précédents si mes souvenirs sont bons. Ecurie indé des plus fiables, où l’on trouvera notre lot de formations aussi douées que peut l’être Social Square.