Daydream Three, basé en Sicile, est le projet solo d’ Enzo Pepi, guitariste issu de la scène rock/noise des 00’s. Auparavant actif dans Twig Infection et The Pepiband, il a depuis sorti, sous la bannière Daydream, l’éponyme Daydream via Noja Recordings, en 2019. En ce début octobre parait donc son deuxième effort, nommé The Lazy Revolution. Un antidote, pop et rock, parfaitement mis, à l’injonction actuelle du « rapide et quantitatif ». Dix morceaux qui honorent leur mouvance, font preuve de puissance (l’acéré In the air en ouverture, aux airs de Bob Mould/Sugar), mordent et tout de même, comme sur le très bon Harvest, posent le jeu sans ennuyer. Avant ça, 1992 et sa pop vive autant que subtile auront soutenu un édifice qui ne branle pas, servi par l’expérience de son concepteur. Pepi y parle de bonheurs simples, incite à cesser de courir vers le rien, en appelle à la qualité. Il collectionne les bons titres, tel Supermarket qui nous sert des mélodies euphorisantes et trace de manière entrainante. On y met de belles guitares, un rythme galopant, des voix sensibles. Ca prend vite, l’effet ne se fait pas attendre. The Lazy Revolution atteint sa moitié au son d’un titre éponyme entre force et mélopées vocales de soie.
Le relais est pris, efficacement, par Chemistry is ok. Une chanson psyché, plus massive qu’à l’habitude, en son début, mais aussi ténue et aérienne, par la suite. Daydream Three joue bien, use de notes plaisantes. Autumn afternoon met le climatique en avant, avec succès et dans l’attractivité. Christian Cutrufo (Bass) et Vincenzo Arisco (Drums), les hommes de main de Pepi, lui assurent un soutien sans faille. On peut taper dans les murs, la maison du trio gagnant tient sur ses bases. I want nothing more adoucit lui aussi le propos, mais ses abords l’élèvent. Il se désosse, réduit ou presque à sa plus simple expression, puis semble annoncer une rupture. C’est pour s’animer, gentiment, avec grâce. Exceptional day, bien plus percutant, suit en imposant une force de frappe rock dont on retrouve la trace chez les plus grands. Daydream Three, pour son second LP, vise juste et frappe fort. Le morceau prend des airs de Foo Fighters, Lips lui fait suite en se saccadant, rock lui aussi. Il n’est pas question, sur The Lazy Revolution, de céder du terrain à la platitude. Preuve en est, un The silence of the country qui met du baume et fait parler son intitulé, dans une joliesse impossible à ignorer.
Tout se passe de la meilleure des manières, de A à Z. C’est The road, en douzième et ultime position, qui porte la touche finale. Posément, en dégageant autant de prestance que le reste de l’opus. Ce dernier, s’il retombe parfois -en vigueur, entendons-nous bien-, reste continuellement concluant. La performance mérite d’être relevée, les thèmes soulevés sont de plus grandement intéressants et la pochette, signée Elaine Carmen Bonsangue, sublime. Le genre de disque qu’on écoute pour fuir l’oppression, se dégager de l’étau et entrevoir un retour à la simplicité, loin de la frénésie à laquelle le quotidien nous amène jusqu’à nous y user insidieusement. De la belle ouvrage, préparée par un artiste sûr de lui, à l’avancée solo déjà bien ponctuée par ses deux premières sorties.