Un inédit, intitulé I Can’t Quite Get Organized, qui donne donc son nom à l’ep. Quatre remixes de morceaux de leur excellent “First Class, And Forever” sorti en 2009. Voilà ce que proposent les Américains de The Poison Arrows, dont l’album à venir n’en finit pas de tarder (il suivra l’ep, tout de même) mais qui ont à leur actif une ribambelle de sorties significatives. Celle-ci ne dérogera pas à la règle, elle suit une lignée qualitative dont Justin Sinkovich (guitar, keyboards, vocals) et ses deux acolytes (Patrick Morris – bass et Adam Reach – drums) ont le secret. Elle fait mouche, même sur ses relectures. Celles-ci ne sont pas confiées à des manchots mais avant toute chose, intéressons-nous à cette composition entièrement neuve. Une entrée en matière d’abord spatiale, dotée de secousses de drums, qui plane et ondule.
Le chant, qui m’évoque Scott McCloud de Girls Aginst Boys, venant amener du « grave » racé à l’ensemble, plutôt céleste donc. Un effort qui aurait pu, à mon sens, se développer un peu plus mais dont la teneur suscite l’adhésion. C’est aussi le cas du premier remix: celui de Peruvian Mountain Fight, par Acucrack, AKA Jason Novak de Cocksure, DJ? Acucrack, Czar, Cold Waves Festival et bien d’autres. Un trip-hop passé au soufre, groovy, dépaysant, du plus bel acabit. Nous voilà lancés; si les compositions datent de 2009 elles vont trouver ici, indéniablement, une seconde vie digne d’intérêt.
Photo Andy Alguire.
Alors Twenty Percent Brighter (Jason Noble remix), revu par le regretté membre de Shipping News avec, aussi, Eric Chaleff de Bloodiest à la guitare et Brian Case de FACS aux vocaux, brille lui aussi. Sensible, il se trouve sur un fil, prêt à rompre, sans que cela ne se produise. Une merveille de retenue, de subtilité, à laquelle succède Casual Wave (Brother El remix), oeuvre d’un producteur de Chicago, ami et collaborateur de longue date du trio. Là encore le résultat serpente, groove superbement et recourt à une multitude de sons bien imaginés. A la fois appuyé, par sa batterie, et psyché car volant, il se passe de chant mais fait sensation. C’est presque dans les revisites, finalement, que ce I Can’t Quite Get Organized se fait le plus probant mais faisons confiance à nos hommes, l’opus sera de toute manière à la hauteur de leur talent. Je l’affirme même, l’ayant gardé sous le coude, jamais très loin, depuis sa réception. The Poison Arrows, depuis belle lurette, s’échine à perpétuer un style, une vision, qui lui reviennent et en font un entité difficilement contournable.
L’ep ici décrit le prouve, quand bien même il privilégie les remixes. Ceux-ci sont aboutis, ils trouent leur terme avec An Unexploded Dream (Nyles Lannon remix). Issu de Film School, projet à suivre lui aussi, l’artiste en fait une plage à nouveau céleste, de manière quasi exclusive cette fois. Le chant en émerge, des soubresauts l’animent sans trop le secouer. On décolle, sans redescendre, à son écoute. Bob Weston s’est chargé de mastériser les remixes, Justin Sinkovich à géré de son côté l’inédit placé en pole position et la magnifique photo qui orne la pochette, un jour d’aventure enneigée. On salue le retour de son clan, dans l’attente d’un disque « long play » qui génèrera à coup sûr son flot d’écoutes poussées, consacrées à une clique au registre bien en place et au dessus de tout soupçon.