Ca faisait (trop) longtemps, il y avait en fait des lustres, que je n’avais pas franchi le seuil de la « MACU » amienoise où j’ai commencé, dans les 90’s, par…coller des timbres sur des enveloppes, avant de fréquenter assidument le studio Orson Welles, pour le ciné de qualité, ainsi que les deux théâtres pour, majoritairement, des concerts et pas des moindres. Sans oublier le New Dreams (Festival Le Temps du Jazz, notamment) et le Magic Mirrors où je pus voir pléthore de formations merveilleuses (Elysian Fields, Zone Libre et j’en passe). Et, last but not least, le Label Bleu et sa pléthore de parutions décalées. J’avais donc coché, m’assurant de bénéficier de l’autorisation photo, la soirée d’ouverture, de début de saison, où deux de mes formations favorites figuraient au programme. Les locaux de Big Funk Brass, d’abord, dont les giclées cuivrées n’ont plus aucun secret pour ceux qui aiment que ça pulse. Acid Arab, ensuite et en tête d’affiche. Ni plus ni moins. Auteur, pour le coup, d’un DJ set dépaysant au possible, qui aura enthousiasmé l’assemblée au point de faire communier ses membres. Il faut dire que le clan hébergé par Crammed Discs, label où siègent des artistes comme Dominic Sonic, Foreign Affair ou Aksak Maboul, pour résumer, en a sous le capot, fort de deux opus à l’écoute desquels on se transforme illico en pantin désarticulé. Jalon incontournable d’une électro qui puise large et oblige à un trip sans retour, il s’est permis de retourner la scène du Grand Théâtre, transformée, pour les besoins du soir, en dancefloor XXL. Mais avant ça honorons le « BFB », fleuron amienois à ne surtout pas négliger.
Big Funk Brass.
Non content de nous avoir refilé, en avril 2020, un Higher de toute première bourre, qui me fut remis sur le parking Zamenhof par l’un de ses membres, le Big Funk Brass tabasse en live. Je le savais, j’y avais goûté et m’en étais enivré à plusieurs reprises déjà. Miannay, Longueau et d’autres places me permirent de jauger l’impact scénique de ces gaillards à l’ensemble solide, dynamique, groovy, étayé par une gestuelle qui te fait bouffer la vie. C’est quoi ce bazar? Jazz? Funk? Rock? Que nenni Ninie, c’est le BFB! Le hall de la MACU a la bougeotte, il danse et s’extasie à l’écoute d’un live à l’intensité bienfaisante. Qu’il est bon d’être là, qu’il est bon d’avaler ce son à part, à la fois fou et pensé, cimenté par ces fauteurs de trouble sonique qui n’hésitent pas à investir la foule. On en perd la boule, on est d’ailleurs venu pour ça; s’oublier, s’abandonner, tituber sous l’effet du son, vivre et sourire. Julien Paris et ses acolytes, de sourires appuyés en mimiques qui expriment leur investissement, font dignement suite à un début de soirée qui aura offert avant eux, déjà, son lot d’émotions culturelles. On le pressent, j’en frétille d’impatience: Acid Arab, après le BFB, va nous faire groover comme jamais. Pour l’heure c’est le salut: on applaudit comme il se doit, vigoureusement donc, la performance des Picards. Ils le méritent, c’est bien peu de le dire, ces garçons au potentiel gratte-ciel.
Big Funk Brass + Acid Arab.
Posté à l’étage, face à l’entré du Grand Théâtre, j’en oublie que l’accès se fait exceptionnellement par le bas. Distraction…mais ce n’est rien, j’arrive et l’assistance est déjà nourrie. Je remarque, d’emblée, de superbes lumières. A ma gauche, le premier rang. S’y trouve une spectatrice, croisée à la JAE 2019, qui avait gratifié mon objectif d’un sourire éclatant. Sur spn côté, quelques mètres plus loin, une autre, shootée au R4 de Revelles, à la dégaine 70’s qui lui va à ravir. C’est aussi ça, le live: la rencontre, l’absence de préjugés, le partage sans calcul ni mauvais esprit. Guido Minisky et Hervé Carvalho débarquent; c’est d’la Musique de France, messieurs-dames! Ca fout en transe sans qu’on demande son reste. Electrorientale, fatale, puissante, spatiale. Le public, d’entrée de jeu, rentre dans le game. Ca se déhanche, mazette!, on est hypnotisé, comme possédé. Acid Arab ne se décrit pas, il s’écoute et se vit. Il se danse. Ca envoie, comme prévu et espéré: ça nous envoie, aussi, aux quatre coins du globe. La fin d’année, s’agissant d’Acid Arab, est chargé en dates. On ne peut que le comprendre, on l’approuve même: sur les planches et quelle que soit la formule de rigueur, la clique dispense son shoot de joie sonore. Continu, sans descente possible. C’est le Jdid, on en perd nos repères musicaux et géographiques. C’est magnifique, la pénombre sied d’ailleurs parfaitement au registre de la paire. Elle s’éclaire de traits de lumière, splendides, qui réhaussent encore un set détonnant.
Acid Arab + Public.
Aussi visuel -il est beau, ce public, quand il bouge sa joie- que sonique, ce concert est une bouffée d’air frais, une trouée de liberté qui pourrait s’étendre jusqu’à l’aube. On en serait encore, fourbu mais repu. La MACU entre en crue, d’un flot de félicité que plus rien ne peut contenir. Comment l’en remercier? En revenant, cela va de soi, dès que l’occase se fera jour. La prestation d’Acid Arab, pour le moins persuasive, décisive et incisive, y incite fortement. La salle peut libérer, comblés jusqu’à en suer, ses hôtes du soir. Mission accomplie, magistralement. L’ouverture fut magique: on attend, dès lors, une saison du même acabit. Elle le sera, assurément. A vos programmes donc, épais et généreux, disponibles partout dans la ville, dans toute crémerie digne de ce nom, pour cocher tout événement à votre convenance. Divers, les spectacles estampillés Maison de la Culture ne manqueront pas, à l’instar de celui de ce vendredi, de vous farcir la tête de souvenirs inaltérables tel celui laissé par cette superbe soirée de lancement.
Acid Arab + Public.