Venu de Belgique, Colver pratique une pop comparable, dans l’esprit et le contenu, à celle que façonnent ses compatriotes de Balthazar, Absynthe Minded ou encore Girls in Hawaii. Douce mais vive, celle-ci trouve sa traduction sur Walk Swim Fly, premier EP où des synthés sans graisse bordent les morceaux alors que des guitares elles aussi sans réelle animosité, belles, justes, apportent le piquant qui fait la différence. A première écoute, j’ai trouvé l’ensemble tiède mais à la relecture, j’adhère. On se laisse gagner, sans même s’en rendre compte, par les mélodies. Par la vivacité, aussi, de créations vêtues de sons qui vite plairont. C’est le cas de ce Doing It Wrong qui sautille, sucré dans le chant, chargé d’ouvrir les festivités. Il s’en dégage une mélancolie prenante, en plus d’une certaine valeur, simple, dans l’arrangement. Colver est doté de jolies plumes: son registre, malgré ses airs un brin allégoriques, tend à semer du plaisir. Les sons électro-exotiques de Welcome Back To Sunny Ghost City, de même que sa texture finaude mais alerte, en font une seconde réussite. Ca chaloupe, la basse prend en charge l’apport d’un groove de nature à détendre les corps. Les guitares piquent, qu’elles le fassent plus souvent car sincèrement, leurs interventions sonnent joliment.
Il y a un côté We Have Band, dans ce titre, quand sa pop ondule et se pare de sons qui virevoltent. Avec True Detective, on s’enfonce dans une coolitude communicative, qu’une fois de plus les six cordes décorent avec brio. Colver se distingue, si de prime abord il peut laisser tiède les écoutes à venir en révèlent les atouts. Il y a dans ce groupe ce petit plus, le petit détail à peine perceptible qui le placent au dessus de la mêlée. Il est fort, le Belge, quand il trousse la pop. Qu’il la salisse (voir Deus) où en dévoile l’éclat, comme ici, il est rare que son effort sonne creux. Bitcoin Billionaire, orné d’effluves presque jazzy, se déploie tranquillement. On se fait plus climatique; j’adhère, pour ma part, de manière moins poussée que lorsque le rendu s’emporte. Pourtant le résultat, de qualité, crédite Colver. Lequel continue, doué, à séduire son auditoire.
Nous lui demanderons bien entendu et à l’avenir, sans trop douter de ce qui suivra, confirmation d’un potentiel déjà évident. Pour l’heure ses guitares, à nouveau, perlent un morceau dont le terme s’acidule tout en restant « flemmard » d’un point de vue rythmique. Quand arrive West Coast, ultime fournée aux accents funky que des synthés spatiaux jalonnent, l’équilibre entre mélodies, attitudes avenantes et temps plus « endiablés » -trop peu, dans l’ensemble, à mon goût- est atteint. Walk Swim Fly est tiré d’une belle cuvée, on l’aimerait parfois plus forte en bouche mais elle se consomme malgré tout avec plaisir, dotée d’une amertume retenue. Bel Ep, porteur de titres aboutis et sans recoins barbants, dont Colver aura tout le loisir de faire usage en tant que premier jet d’ores et déjà avantageux pour la suite de ses travaux musicaux.