Repère de la sphère indie-folk, appuyé depuis l’opus précédent, High Five, par un Nicolas Cueille (Seal of Quality, Pyjamarama, La Colonie de Vacances, tout de même…) à l’apport conséquent, Luis Francesco Arena sort avec A cool breeze, bien nommé, son sixième album. Celui-ci, superbe sans interruption, autant l’annoncer de suite, le voit évoluer et donner une vie plus palpable à ses ouvrages folk. La sphère s’étend, What remains l’inaugure en se faisant psyché, vaporeux, chatoyant, aussi, dans son décor. Voix fine, ornement plus trouble, tout ça se marie sans heurts. Les secousses et l’étincelance de Through the gates, dans la foulée, dans un léger tourment bien prenant, là aussi, étayent l’entrée en matière et nous renforcent dans la bonne impression laissée. Rejoice, dans la même posture entre finesse et ondulations ombragées, accélère soudainement. Magique. D’une vive subtilité, pensé avec agilité, il fait du trio d’amorce une suite imparable. Et ce n’est pas fini puisqu’ Atlantic Skies, remuant, affublé lui aussi de ruades bienvenues, fait ses preuves au pont de friser la perfection totale.
La copie est de choix, loin d’être linéaire. J’en réclame, Secret Hideout vient alors poser sa patine pop-folk une fois de plus splendidement ourlée. Ces deux-là, complices, se sont trouvés. Ils nous fabriquent, Brick by Brick (Iggy, si tu me lis…), un disque que son label pourra mettre en avant sans la moindre crainte. Celui qui en doute n’a qu’à s’envoyer Bow To The Boy, ça contribuera à ce qu’il revoie sa position. Aérien, il couple beauté et agitation dans la plus parfaite harmonie. Le retour est triomphant, d’une musicalité absolue. Amtraks ondule à son tour, irrépressiblement beau. In a hurry, urgemment scintillant, vire presque math. Mazette, que de prestance! A cool breeze, voilà ce qu’il nous faut pour bien vivre le terme de l’été. Operator, s’il revient à des airs apaisés, ne fait qu’accentuer l’attirance. La connivence est totale, l’accroche sans équivoque. Voilà un album qui malmène, sans réelle animosité, autant qu’il berce. Lumineux et ombrageux, il montre bien que Luis Francesco Arena à plus d’un Tour(s) dans son sac. She, s’il fallait encore le prouver, le voit tutoyer le ciel. Cadencé, bardé de note superbes, il faut bien mieux que de charpenter l’édifice A cool breeze.
Photo Philippe Lafaye.
J’attrape mes lunettes, histoire de m’imprégner des lyrics. Sur ce point, aussi, le mec est loin d’être en peine. Allez, un moment donné, il faut tout de même bien se quitter. L’aventure fut belle, à en tomber. Ce n’est sûrement pas le terminal Fail Safe qui viendra lui porter atteinte. Ses motifs charment, une dernière fois, un parterre qui aura relevé, dans le même élan, une évolution dans l’étoffage et la confirmation, nullement surprenante, de la pertinence du duo à l’ouvrage. Tout ça en restant soi-même, sans forcer le trait et encore moins se dénaturer. C’est à ça qu’on reconnait les meilleurs, dans cette facilité à se renouveler sans s’y perdre. C’est ce que fait « LFA », le temps d’une onzaine de morceaux qui caressent les sens et mettent le coeur en joie tout en semant une léger trouble au détour de telle ou telle création. On salue l’initiative, porteuse, digne des capacités du gaillard de Tours et de son désormais fidèle collègue de jeu.