Après un excellent Offshore sorti en 2018, et dans la foulée d’un nouveau single clippé, Knives out, la paire d’Angers répond aux questions de Will Dum…
1) Pour débuter, comment se sent The Blind Suns, en ces temps où la pandémie « s’estompe » ? Cette période a-t-elle été l’occasion, pour vous, de créer ou de « faire autrement » ?
On ne va pas mentir, c’était une période difficile, pleine de remise en question à tous les niveaux ! Mais on a eu l’occasion de tenter les concerts en streaming avec notre série Tape Sessions, c’était plutôt sympa. On a également enregistré un album et signé sur un excellent label anglais, Modern Sky UK. Donc pour te répondre, on se sent plutôt confiants et heureux de reprendre enfin la route presque normalement.
2) Vous êtes Angevins, j’imagine que le terreau rock (et pas seulement) y est encore fertile ? Y’a-t-il dans la ville des groupes dont vous vous sentez proches ?
Oui, il y a d’excellents groupes, et c’est vraiment une fierté de voir que la musique à guitare à encore de l’avenir, avec cette super scène angevine. Ayant été beaucoup en tournée (et peu présents sur les soirées angevines), on n’est malheureusement pas forcément très proches ou sollicités par ces groupes, même si on suit leur développement avec beaucoup d’intérêt.
3) De quoi est né The Blind Suns ? Votre première sortie date de 2014, on peut donc dire que vous n’êtes pas les premiers venus…
Au fur et à mesure de nos projets, on a évolué vers différents styles. The Blind Suns a commencé car on avait un album très lo-fi enregistré à la maison, avec des sonorités un peu surf/americana. On a sorti ça presque sur le ton de la blague, mais ça a pris rapidement dans les médias, et à l’international notamment, donc on s’est jeté dans le projet à fond depuis.
4) Vous ouvrez en duo, quels sont les atouts de la formule ?
C’est facile de composer et de s’organiser en duo, d’ailleurs le projet a commencé comme cela et on aime cette formule. En live, on joue avec des musiciens additionnels. On a beaucoup joué à trois, avec un batteur, et depuis peu on fait également des concerts avec un bassiste.
5) Vous venez de sortir un single accompagné d’un clip, « Knives Out », en prélude à un nouvel opus censé sortir en 2022. Pouvez-vous m’en dire plus sur celui-ci ? On dit, par ailleurs, qu’il explore une facette plus « punk et révoltée » de The Blind Suns…
Nos précédents albums ont été écrits sur la route, dans une atmosphère plus légère, ce qui se ressent sur le son. Ce nouvel album a été composé et enregistré intégralement dans notre studio pendant le confinement, après une expérience toxique avec notre ancien label. Il est donc plus sombre, mais pas forcément noir. On veut surtout communiquer l’envie d’en découdre, de remonter sur scène, de re-partager notre histoire avec le public, de relancer les collaborations. Il y a un sentiment d’urgence dans ce disque, et le rock parfois punk est pour nous le terrain de jeu parfait pour ça.
6) Vous en êtes, déjà, à trois disques sortis. À ce stade, pensez-vous être d’ores et déjà installés, avoir distillé une « touche Blind Suns » reconnue de ceux qui vous écoutent ?`
Oui, on a toujours une petite recette que les gens retiennent: à savoir de la musique slow surf, c’est-à-dire des guitares 60s un peu twang, mais un rythme plus lent que celui de la vraie surf-music avec pas mal d’harmonies vocales. C’est notre fil conducteur.
7) Considérez-vous qu’il existe une évolution entre chacun de ces albums, et comment se fait le choix des gens avec lesquels pour travailler sur ceux-ci ?
Nos albums reflètent le moment présent, on n’est pas tellement dans la fiction ou le storytelling. Les histoires sont personnelles, on y écrit ce qu’on ressent; elles constituent les clichés de notre vie à un moment T finalement, et donc forcément changeants. Les producteurs et labels qui travaillent avec nous sont ceux qu’on rencontre au fur et à mesure de notre route.
8) Hormis la sortie de « Knives Out », quels sont vos projets actuels ? Je présume que le besoin de live est plus que jamais présent… À ce sujet, qu’est-ce qu’un concert accompli pour vous ?
On va dévoiler prochainement de nouveaux singles avant la sortie de l’album prévue pour début 2022. Et on reprend enfin la route, en particulier dès début 2022, avec une tournée mondiale.
9) À l’écoute de vos disques, dont l’excellent « Offshore » chroniqué sur Muzzart par mes soins, j’entends JAMC, Mazzy Star et des touches surfy pleines d’allant. Avouez-vous des influences prégnantes, sinon des formations dont le son et l’approche auraient pu vous influencer ?
Oui, les influences que tu cites ont été très présentes lors de la création du groupe, mais on essaie de s’en libérer, et de ne pas miser que sur un style en particulier. On aime, de plus en plus, expérimenter davantage.
10) Qu’écoutez-vous actuellement ? Êtes-vous de ceux qui se refusent à réécouter leurs propres créations, ou ne le font que de manière éparse ?
Ce n’est pas toujours évident de réécouter ses créations, notamment après avoir passé des mois à les mixer pendant des heures, les avoir jouées de nombreuses fois sur scène. Cela peut devenir lassant, mais après les avoir oubliées un certain temps ça devient amusant à réécouter. Dans les groupes que l’on écoute qui ont eu des sorties récentes, en pagaille et entre autres : Khruangbin, alt-J, Amyl and the Sniffers, Chvrches.