Messin, Oi Boys est constitué de deux énergumènes, Mathieu et Valentin, s’étant rodés dans diverses formations du coin (du black métal de Loth au hip-hop de Voodoo Clan en passant par la noise de TSI ou encore le sludge de Divojugend). Leur premier opus, un tonitruant skeud sans nom, conjugue verbe punk, sans trop de distinction superflue, cold et new-wave avec, pour porter le tout, du synthé épars et une énergie de tous les instants qui leur permet de rafler la mise. Ca ne trompe pas il y a des tons alterno bien 80’s dans l’bordel et La liste, chargé d’inaugurer les festivités, dégoupille sans prévenir. Il m’évoque Rendez-Vous, c’est déjà un bon point, et marque un début enthousiasmant. Je signale avant d’oublier, par ailleurs, que l’opus sort sur une flopée de structures qui n’ont pas peur d’innover et se foutent bien de palper à outrance. Déjà reine, en seconde position, pose choeurs punk et saccades cold-wave. On accepte les mélodies, mais on les place dans la ligne de mire d’un tir direct. Tes mortes idoles ralentit, il me fait baver autant que le reste. On trouve chez Oi Boys, savamment fabriqué, un alliage au carrefour des époques. Même quand le tempo recule, le rendu reste élevé. Sur la place place même un début feutré, mais il trompe son peuple: vite, il s’emporte et dévie verbalement. Ceci, il importe de le souligner, sans écorner la valeur des textes. Ceux-ci, au contraire, y gagnent en vérité.
Mon dernier dieu, sur lit de synthés légers, amène une forme de clarté. On ne s’ennuie pas, Oi Boys nous joue même là l’une des rondelles les plus jouissives du moment. Sa simplicité « pulsante » plaide en sa faveur, Dernière tournée renverse le plateau et balourde du gimmick accrocheur jusqu’à ce qu’on s’en pourlèche les écoutilles (tu peux toujours essayer…). Entre organique et synthétique, à la lisière du mélodieux et de l’ impactant, les deux complices imposent leur langage. On l’adopte, de même que leur poésie de gaillards qui en ont vu. Les réverbères, au ralenti, projette des lights blafards. 200km/h, évidemment fonceur, veille bien à ne pas dépasser les deux minutes. De la new-wave, concassée, speedée et colérique, à la manière des…Oi Boys. C’est le dernier vinyle trouvé dans ma boite à lettres, il se fait sans cesse labourer, depuis, par un bienveillant saphir. Le plaisir est grand; on a de plus l’impression, au vu de l’approche développée, d’entendre un son qui cogne à la porte du nouveau. On ne va pas s’en plaindre, c’est chose rare à notre époque. Jack Palance balance, riffe cru, malaxe sa cold et l’affine avec panache.
Plus loin Le film est mauvais, plus que bon, prend sa carte au club. Celui des titres qu’on retient, qui se nuancent pour ensuite mieux bastonner. Qui groovent aussi car chez Oi Boys, on sait faire danser. On est inspiré, on vite l’écueil du trop dit. La formule est maitrisée, individuelle, forgée à la truelle. A l’ancienne, j’entends par là, en recourant à peu de choses dans la construction de l’édifice sonore. Ca défile vite, tant les morceaux sont bons. On ne marche toutefois au pas, vous l’imaginez bien. C’est la révolte qui prévaut, le refus de se plier. Leur mise en son est ajustée, elle trouve son terme sur un Mourir accompagné de rien posé, dénudé, décoré par les synthés. C’est, un peu, le repos du guerrier après un combat remporté sans forcer, par le truchement de onze compositions qui bagarrent sévère, côté lecteurs et dans mon antre, avec l’excellent “De Película” de la clique Limiñanas/Garnier. C’est dire sa valeur, certifiée par sa gouaille continuelle et ses atours rêches émaillés de jolis contours plus « polis ».