Premier album de Pelouse, trio emmené par Xavier Machault (auteur, chanteur et comédien), Bowling fait un strike, d’entrée. Parfait passage entre rock indé au caractère trempé et chanson d’une belle expression, il regroupe dix titres qui varient, griffent (Tout était orchestré, premier single noise et groovy) et marient les voix (Oostende), inspirés dans le son mais aussi dans le texte. Nous sortirons par le haut, situé quelque part entre trip-hop et recoins acides, tire d’emblée vers le haut. Le mot à des choses à dire, il fait surgir de belles images. On recourt à des sonorités de bon aloi, qu’elles soient sereines ou plus troublées. Depuis 2004, Machault s’escrime à esquisser ses lignes, les siennes, j’insiste, au sein d’ une mouvance chanson qu’il n’a de cesse de transcender. Pelouse, qui pousse dense et lettrée, nous coupe l’herbe sous le pied. Ses excès sont délice, Tout était de toute façon orchestré. Les frites sont savoureuses; on les bouffera, quitte à s’en mettre un peu partout, par pleins cornets. Nappage électro, assaut rock rauque, sample de…mince, j’ai zappé qui c’était. A moins que je ne fasse erreur mais le rendu, lui, vaut son pesant de poussées de volume. On se met à poils, on laisse tout dans un buisson. C’est pas moi qui le dit, c’est Xavier.
On n’osera pas le contredire, son discours nous parle bien trop. Quand le nerf retombe, sur le Oostende nommé plus haut, c’est Laura Cahen qui magnifie l’essai. Duel de voix, tranquillou mon Billou. C’est beau, c’est sensible et une fois de plus, ça ne parle pas dans le vide. Le décor scintille, simple. L’annonce pose ensuite son ombrage, bien ficelé, bien mis, bien joué. Lorsque la vigueur fait un pas de côté, la plume prend le relais. On est, ainsi, constamment séduit. Douces secousses, émotions savamment traduites et ornement, c’est décidément récurrent, de qualité optimale. Un tantinet souillé, hautement musical. De la belle ouvrage, faite de rage et de prestance. Les hangars, cold, finit par s’emporter pour, finalement, se faire volant. Il se joint, excellentissime, à la cohorte des morceaux de haute volée que nous largue Pelouse. Lequel, s’il choisit l’instant d’après de délaisser le son brut (Je vous aurais suivie), n’en reste pas moins fiable.
Quelques notes plus loin Restera ça, de motifs répétés, illustre mes propos. On le sent, toutefois, prêt à lâcher la rampe. Ses sons vrillent, derrière les chants demeurent chatoyants. On approuve, à nouveau. La montagne, jolie mornifle rock, pulse sous le joug d’une basse grasse. On note, ici aussi, des bruits de décor qui valent toute notre considération. C’est entrainant ce bazar, des voix d’enfant participent à ce morceau dont le terme se déchaine. Puis ça s’arrête, au plus haut niveau. On est servi, Peu importe demain puisqu’on a Pelouse. Donc Nothing to lose, tout à y gagner plutôt. Mais plus qu’un titre, à l’heure qu’il est, pour en profiter. Retenu, réduit ou presque à sa plus simple expression. On remarque, bien entendu, des penchants coquins dans le mot. Et, comme à l’habitude, une inspiration nourricière.
Nous sortirons par le haut, quoi qu’il en soit, conquis par Bowling et ses plages accomplies. On se le refera, même, à toute heure de nos jours. La découverte est de taille, au delà des travaux de Xavier Machault c’est toute une équipe, sans failles, qui s’est affairée autour de l’objet. Le résultat ne se critique pas, il s’écoute avec, à chaque tour de saphir, la perspective, la certitude même, de vivre un temps fort tout à la fois personnel et collectif. Pelouse, pour un premier long jet, frappe fort et nous pond un disque à l’identité campée, appuyée par une dizaine de chansons fortement attrayantes.