Duo franco-américain, Pearl & The Oysters unit Juliette Davis et Joachim Polack, dont la rencontre s’est faite sur les bancs du lycée. Etudiants, plus tard, en musicologie, ils initient une pop space age qui leur vaudra la parution de deux opus; Pearl ad the Oysters (2017) et Canned Music (2018). Flowerland, qui traite des spectacles naturels et du climat qui les écorne, mais aussi des inquiétudes personnelles autant que collectives, est donc leur troisième disque. Léger, teinté de jazz, il aligne quatorze titres certes sans réel mordant, mais troussés avec une dextérité qui ne cesse de les valoriser. L’éventail est large, il peut se faire « tropical », entièrement délié (le titre éponyme) que plus acéré quand, enfin, les guitares appuient leur discours (Crocodile, qui montre les crocs -elle était facile- tout en restant d’une élégance rare). Soft science tire le rideau, on est d’emblée devant une pop soignée dont le doux groove rafle la mise. Voix-caresse, ornement au milieu du cool et du plus fantaisiste assurent la tenue du début, que suivront nombre de morceaux de même impact. De belles notes, des idées malines permettent à Pearl & The Oysters d’imposer un registre qu’à l’évidence, il tient sans fléchir.
Bit valley dépayse, il se fait vif et se gave de motifs qu’on remarque. Dans ses traces Treasure island, marqué par une forme de coolitude insulaire, se montre chaleureux. Estival aussi, quasiment, et incitant à l’abandon. Radiant radish suit, volant et sans manières. Candy, après lui, renvoie un psychédélisme poppy du poids d’une plume. On aimerait, sans s’en cacher, que des envolées enragées s’en viennent lézarder ce joli tableau. Evening sun, sans exaucer nos souhaits, étend les penchants relâchés de l’album. Un Flowerland à écouter posé, voire sous farniente, d’une perfection absolue lorsqu’il s’agira de mettre en son, avec brio, nos temps de « retombée ». Baby y déposera, joliet, ses teintes jazzy et soubresauts acidulés. Wizzo ondulera, sans hâte, au gré de poussées d’air chaud qu’on accueillera sans trop résister. Il est vrai que la paire, si elle ne s’enhardit que de façon éparse, parvient par ses ambiances à captiver l’auditeur.
Ostreoid asteroid, électro, plane et vrille. Ses chants dévient, se déshumanisent. Bel effort, significatif du savoir-faire des deux comparses. Satellite enchaine, porté par un parti-pris mélodique. On note, toutefois, des incrustes plus soniques. Le chatoyant persiste, trop récurrent pour ma personne là où il satisfera son lot de curieux convertis à la quiétude sonore. Je reste pourtant en phase, au contact d’une collection qui embellit ma matinée. Rocket show la sucre, en certaines occurrences Flowerland trouvera sa place sans forcer dans mes écoutes « liées à l’atmosphère ». Flamingo sketches met fin à l’ouvrage en réitérant ses sons, brumeux, vaguement jazz, céleste. Pearl & The Oysters possède, incontestablement, sa propre vision, consolidée par son Flowerland avenant auquel j’aurais adjoint, ce qui n’engage bien entendu que moi, quelques envolées enflammées supplémentaires.