Pour son nouvel EP Arianna Monteverdi, Française bien qu’affublée d’un patronyme à consonnance italienne, voit sa formule évoluer, passage en quatuor oblige, et la guitare électrique prendre une place prépondérante. Les thèmes de l’amour, du temps qui passe, de la rêverie qui nous arrache çà la réalité y sont abordés et Multiple, l’objet en question, offre cinq plages de la meilleure des écorces, où l’intimité propre à la dame est préservée, greffée cependant à un rock indé aérien/incisif sans plantage aucun. Gwen Mordret (guitare), Alban Chauveau (basse) et Clovis Le Pivert (batterie) accompagnent avantageusement l’artiste et On the run, capable d’aller mordre les fesses des déesses de l’indé, livre d’emblée un canevas attachant. Mélodique mais un rien piquant, simple, troussé avec l’assurance de ceux qui s’y retrouvent, il lance joliment un collection dont même la rougeoyante pochette attirera le regard. Au mix officie Louis Lemoine, au Master Damien Tillaut alors qu’ Aloïs Lecerf prend en charge la partie artwork. Chacun est à sa place et bien en place, prêt avant toute chose à servir le collectif. Binic, posé, d’un mid-tempo qui englobe, légèrement acidulé, et confirme la qualité inhérente à l’opus, valide les dispositions entrevues. Il prend des airs dream-pop, pas loin des terres d’un Slowdive.
On attend néanmoins, je n’en disconviens pas, l’embardée indé à la rudesse salvatrice. Falling for falling, d’abord scintillant, de ses sons clairs, s’y dirige. Appuyé bien que mélodique, il monte d’un cran en termes de tension et d’intensité rock. L’effort groupal, c’est ici évident, sied à Arianna et ses solides acolytes. L’EP sort de plus chez Les Disques Normal, structure comptant parmi les plus crédibles de l’hexagone. Indé, vous disais-je plus haut. Indé, en dépit des courants contraires. C’est ce qu’est Arianna Monteverdi, qui enchaine avec un Hair climatique. Quels que soient ses choix, soie -ici d’un fond troublé- ou morsure rock soutenue, ou encore posture à la croisée des deux options, Multiple convainc. Sur le morceau concerné, on est d’ailleurs au mitan, dans une étoffe dreamy parfaitement conçue aux atours gentiment orageux. A l’heure de finir le job, sur plus de six minutes, on garde le cap. Forte, d’ores et déjà, d’une discographie qualitative, Arianna amorce un virage que Multiple crédite de bout en bout.
Photo Richard Billon.
On finit même, quand arrive More time, sur une note rock notable. Voix en relief, chaude et porteuse. Instrumentation belle et grondante en sus, ça suffit à conclure d’une manière non seulement cadencée, mais aussi élégante dans son attitude acérée. Tout, sur Multiple, est abouti et sans méandres préjudiciables. On prend, sans conditions, un EP à la hauteur de ce que sort, depuis belle lurette, Les Disques Normal (pas trop tout de même, pour le « normal »; on n’est pas non plus dans le rangé moutonnisé, loin s’en faut). Arianna pourrait même, en l’occurrence, gagner l’adhésion d’un public plus large, non plus seulement dévoué à la cause folk unique et -presque- exclusive qu’elle défendait jusqu’alors. On le lui souhaite, bien entendu: elle détient pour ça toutes les vertus requises ainsi qu’un disque aux atouts récurrents.