The Bevis Frond, le projet de Nick Saloman, sort des disques depuis la fin des 80’s. J’avoue ne l’avoir découvert, avec un plaisir non dissimulable, qu’à la réception de ce Little Eden bien nommé dans le sens où tous ses titres -au nombre de vingt-, tout de même, font un bien fou, renvoyant mélodies brillantes et énergie sans vergogne. On pense souvent, comme le dit la bio du label, à des formations reconnues comme Teenage Fan Club, Lemonheads ou encore Dinosaur Jr pour les guitares juteuses. Le panel est large, pop-rock de base. Le bonhomme est prolifique comme un Robert Pollard, sa nouvelle galette est un festival de morceaux qui mettent en joie et font secouer, souvent vigoureusement, la tête. Everyone rise, chargé d’ouvrir la fontaine à tubes, se permet déjà d’aller chatouiller Mascis and Co. And away we go marche, lui, sur les plates-bandes d’un Neil Young. A chaque chanson, on plie et on approuve. Là où d’autres remplissent, plantent quelques titres et font dans le perfectible, The Bevis Frond accomplit tout ce qu’il entreprend. Brain fatigue, histoire de parachever le trio introductif, polit sa pop et la sertit de bien belles guitares. Suivront, en pluie nourrie, nombre de compositions qui mettront le détracteur à mal. You owe me m’évoque Franck Black, They will return flirte avec la folk. Avec succès, évidement.
Je pourrais, je devrais même, évoquer toutes les ritournelles liées à l’opus. La longueur de celui-ci m’en dispense, je mentionne cependant et entre autres l’impact à la Bob Mould de Find the mole. L’allant de Little Eden, sa vitamine pop et rock, le savoir-faire de son concepteur en font un must incontestable. Il est rare, je le souligne, d’entrer en relation avec des disques aussi complets, aboutis et persuasifs. Sa simplicité ne fait qu’en accroitre l’attrait, la perfection de ses airs et vocaux, son étendue sans méandres irritants le maintiennent au sommet des efforts dit « pop » mais en fait très largement au delà dudit genre. Si Hold your horses calme le jeu, posé et joliet, The man in the garden fait sonner les six cordes. Avec, par dessus le marché, ces voix réjouissantes qui, sur As I lay down to die qui suit, se font expressives. Les instruments, une fois de plus, se mettent en évidence. Il y a là une symbiose, une justesse de ton, qui nous déposent au mitan de l’album sans qu’on ait fui ou rechigné. Le second volet, d’une solidité comparable, nous force d’ailleurs à rester en phase. Cherry gardens l’inaugure, d’une teneur à désarçonner les plus grands.
Par la suite, les riffs de Numb in the head forceront eux aussi l’approbation. There’s always love fera dans le sentiment, le titre éponyme prendra également des airs plus tranquilles. Le rendu n’en pâtit pas, loin de là. Here comes the flies marie touches douces et rugueux récurrent. Il précède une fin de parcours sans faute, entre le rock bas du front de Start burning et ce Dreams of flying que j’adore car malgré sa « dernière place, quand beaucoup retombent et baissent la garde, il impose riffs crus et attitude rock de très bon aloi. A aucun moment, Saloman n’aura failli. Vingt plages, vingt standards à l’envergure impressionnante. Tel est son bilan. The Bevis Frond, avec son Little Eden…paradisiaque -elle était facile-, frappe fort et juste. Il s’illustre dans discontinuer, place le curseur très haut et surpasse une concurrence qui, si elle souhaite s’aligner, devra se montrer au sommet de sa forme et ne jamais faiblir dans son entreprise.