Basé à Liège, en Belgique donc, Diemen Sniep fait dans le rock expérimental. Il résulte des idées de Chad Levitt, multi-instrumentiste, associé pour son projet à trois autres musiciens. Life Without Adrenaline est leur premier album, il est annoncé comme louchant vers Swans (Michael Gira est d’ailleurs remercié sur le Bandcamp de Diemen Sniep) ou Daughters et l’écoute, qui forcera l’auditeur à s’impliquer pour bien appréhender le tout, confirmera le constat tout en validant la tendance du clan à semer ses propres graines sonores. Drain, premier pavé aux voix cinématographiques, erre entre post-rock animé et éruptions sonores. Le quatuor à le don, visiblement, de faire dans le climatique joliment versatile. Lentement, mais de manière assurée, l’amorce se répète jusqu’à pénétrer les écoutilles. Un chant léger, à peine audible, conclut l’effort. Puis PEST, aux riffs obsédants, visite des eaux aux remous plus tumultueux. On ne rechigne surtout pas, pour le coup, à diversifier les orientations. Une voix sombre se fait jour, l’atmosphère est à la divagation inspirée. On frappe fort, les coups de semonce sont légion et pour ne pas s’y perdre, il est bien entendu préférable d’être initié. Diemen Sniep, on le pressent fortement, ne peut se résoudre à suivre des chemins jalonnés.
De son boucan bien tenu, s’extraient des vagues psyché bourrues. Noise, cuivré aussi, l’opus n’est pas des plus aisés à capturer. C’est une bonne chose, c’est dans ce créneau précis que la clique trouve son rang. Aux ruades succède l’accalmie, sans que l’alliage ne sonne forcé ou bancal. NOIR, en troisième position, démarre post. Serein, il impose un chant tenu. On sent, derrière une trame d’apparence posée, l’orage latent. Il survient, lourd, massif et pourtant majestueux. Du bruit bien sapé, voilà ce que fait Diemen Sniep. Jamais prévisible, il se permet de dépasser la dizaine de minutes avec The Heat. Une pièce lancinante, d’une teneur inédite autant qu’inqualifiable. Mystique, dépaysante, faite de motifs d’autant plus addictifs qu’ils ne finissent de résonner, la chanson hurle et bruisse. Elle revêt, aussi, des tissus soyeux. Les vocaux incantent, on sera bien en peine de classifier ce qu’on entend et peu importe; c’est l’effet produit qui prévaut et de point de vue, Levitt et consorts réussissent dans leur entreprise.
On s’élève, aux breaks se substituent des encarts rudes. Consequences, où se nichent des voix venues d’ailleurs, privilégie la quiétude. Mais bien vite, l’horizon s’obscurcit. On revient à des atours calmes, le procédé est en place et ne nuit en rien au rendu final. Emotionnellement, Life Without Adrenaline vaut son pesant de troubles. Sur ce Consequences, la voix bataille. Sans hâte, le fond se fissure. Sorti chez JauneOrange, label de choix, le disque propose une ultime salve, nommée Cavern. Suivant une progression une fois de plus lente, mais inexorable, de plus en plus bruitiste, la fin valide la valeur d’un premier « long play » suffisamment singulier pour créditer ses auteurs. La trouvaille mérite une attention durable, augure d’une suite de très bon aloi pour ces Diemen Sniep dignes de la qualité que distille leur plat pays d’appartenance.