« Ah yeah, fockin’cool », comme je me plais à le lancer, auprès de mes comparses habituels, lorsqu’un fait me réjouit. Yan Wagner est d’retour! Le gonze, plus à son affaire que jamais, nous offre un Couleur chaos qui, émancipé des tons 80’s un brin cold des débuts, étire son éventail. Un disque enivrant, parfois funky, pop dans l’esprit mais jamais réduit audit genre. On y danse, même, au son d’un g-funk troussé avec maestria (le titre éponyme) et sans tergiverser, Brexit aura tancé le réfractaire, de son chant crooner qu’épaulent de bien belles guitares. Avec, en bordure, ces synthés simples dont notre homme a le secret, des textes qui parlent et imagent, nous voilà pris dans la toile Wagner. Un univers connu mais évolutif, dont ce disque présente une forme aboutie. Parfum, d’une pop aérienne soutenue, convoque les penchants 80’s « clavietisés » qu’affectionne Yan Wagner. Par la même occasion, il séduit vocalement, sur le plan verbal aussi. Le Français, ici, domine. Sur ce morceau, il se pare d’Anglais. S’il nous a fallu, après l’excellent This never happened paru en 2017, attendre quatre ans pour renouer avec le sieur Wagner, il semble bien que Couleur chaos soit en mesure de récompenser notre ténacité. Brise glace, magiquement cold, de par ses gimmicks et nappes acidulées, incite à son tour à l’adhésion sans rémission. Les guitares, quand elles interviennent, le font avec mesure mais de manière marquante.
Take it all, passé la « chanson-titre » nommée plus haut, poste une missive spatiale aux reflets funk. Psyché, lascif, il complète le panel sans faillir. On est même loin, pour le coup, de toute faute de goût. Fais comme si, croonerisant à souhait, enlevé, truffé de sons addictifs, resserre l’étreinte. J’en ai la certitude, la suite validera l’excellence du disque. Il tangue, fait osciller, groove comme jamais, stimule la pensée. Demande à la poussière, délié, fatal, démontre qu’en termes de sonorités qui pénètrent les crânes, Couleur chaos n’a pas son pareil. Notons, au passage, qu’il sort chez Yotanka. Le catalogue, au sein du label angevin, vaut largement l’attroupement. Demande à la poussière, elle confirmera. Souvenir détail, syncopé, fait valoir des synthés joueurs. « Fonk » et sans graisse, poppy et mélodique, il s’ajoute à la liste des titres notables. On ne recense que ça, anyway comme diraient les Brexités, sur Couleur chaos. Plein phare met un énième coup de projecteur, cadencé, dansable et enthousiasmant, sur le talent d’un Yan Wagner à l’oeuvre désormais consolidée. Une discographie forte, à l’heure qu’il est, de trois ouvrages concluants.
Dans ses notes Des cieux plus cléments, rythmé lui aussi, marie le french et l’english. Avec succès, bien entendu. Quelques « tin-tin-tin.. » plus tard, on est gagné par l’inspiration du marseillais. A l’heure où j’émerge, Couleur Chaos colore ma journée. Dernière fête, dernier titre aussi, dessert pour finir un instrumental psych-funk qu’un chant flottant, des guitares mesurées mais derechef notables, étayent merveilleusement. Le come-back discographique est péremptoire: il ponctue, tout à la fois, avancée et ancrage dans une mouvance « maison », d’ores et déjà entérinée. Si Chaos il y a, il se pare d’une Couleur qui lui donne de l’allure, du style, du panache. On en remercie Yan Wagner, musicalement affriolant, vocalement magnétique, pour ses onze plages sans appel. Il y brise la glace, son parfum ensorcèle et plein phare, il enlumière un musicien porteur, en l’occurrence, d’une jolie série de ritournelles destinées à nous squatter la zone préfrontale.