Composé de Justin Welch, Kevin McKillop, Michael Conroy et Miki Berenyi, passés respectivement par Elastica, Moose, Modern English et lush -excusez du peu-, Piroshka s’était déjà illustré avec l’excellent Brickbat, en 2018. Un superbe premier opus, 90’s comme attendu, dream-pop, shoegaze, rock aussi, de la plus belle des écorces. Avec celui-ci, Love Drips & Gathers donc, le quatuor explore des contrées plus apaisées dont Hastings, en ouverture, donne d’emblée une aperçu rêveur. Et prenant, sucré jusqu’à nous conquérir par l’entremise de ses jolis cuivres et de sa belle flemmardise. Alors que The Knife Thrower’s Daughter, tout aussi aérien, confirme les abords posés de l’amorce. Il se fait, toutefois, un brin souillé.
On aime, certes. Mais le pedigree des londoniens fait que tout de même, on attend un peu plus d’emportement. Scratching At The Lid, nettement plus enlevé, nous comble alors. Une pépite shoegaze, acidulée, truffé de nappes célestes, où guitares vives et trainées spatiales cohabitent magiquement. Diantre! Du tout bon, que relaie Loveable et son début électro discret, délicat à l’image du début de l’album. En s’affairant à des contours climatiques, Piroshka évolue sans se trahir. V.O., en sa parfaite moitié, lance lui un shoegaze doux-amer du plus bel effet. Des retombées soniques le balafrent, gentiment, sans trop le perturber.
On se sent bien, un peu sous protection, sécure, dans la tanière de Piroshka. Wanderlust offre une pop espiègle mais mélodieuse, bien sertie. Echo Loco nous catapulte en terres 90’s, « as usual », qu’un Cocteau Twins n’aurait pas reniées. S’il se lâche peu, le groupe aligne les titres de première main. Ses décors sont typés et Miki, au micro, chante comme à la belle époque. De temps à autre, un envolée se fait jour, parfois trop sage -à mon goût- mais en tout cas bienvenue. Au fur et à mesure des écoutes qu’on lui accordera, ce Love Drips & Gathers, j’en ai la certitude, nous enchantera tous. Il s’insinue, complète le disque précédent avec beaucoup de prestance. Familiar, psychédéliquement dream, le fait s’envoler. Seul regret un peu tenace, le manque d’instants clairement wild, rock et débridés. On s’y fait, néanmoins, à force d’explorer l’oeuvre de Piroshka. Et puis We Told You, suprême terme déviant, bruitiste et barré dans le vent, fougueux et kraut aussi, remet de manière définitive la cabane au milieu du jardin.
Love Drips & Gathers, s’il exige un certain investissement, se révèle et enchante celui qui s’en couvre. On approuve, conquis, ce disque dont la pochette, elle aussi, ravive visuellement nos 90’s chéries et les travaux, par exemple, d’un Throwing Muses. Tout comme le premier, il sort chez Bella Union. Son « clear vinyl » est magnifique, on peut par conséquent affirmer que le travail est en tous points accompli. Piroshka marque de nouveaux points décisifs, en dream-team indé d’un niveau que beaucoup peuvent lui envier.