Membre des excellents Das Das, chroniqués dans ce webzine, Cosey Mueller se penche aussi sur une épopée solo, ponctuée par cet excellent Interior Escapes qui est de toute évidence son premier long play. Cold et réitératif, l’album sert huit morceaux qu’Antisozial, aux claviers à la B 52’S, initie en se faisant déjà magnétique. Spatial et mécanique, il use de l’Allemand pour s’affirmer, recourt à des guitares aussi discrètes que tranchantes. Ca fonctionne sans difficultés, Cosey sait s’y prendre et on s’y laisse prendre. Son répertoire ne s’écarte pas sensiblement, c’est là une bonne chose, de celui de la paire formée avec Jo Schwund. Leur Leben in Bildschirmen est d’ailleurs de haute volée mais revenons à nos moutons: la dame Mueller tire sur les mêmes ficelles pour nous lourder Ferngesteuert, cold bien sûr, serti de ces guitares à nouveau mordantes. On groove dans le dark, bienheureux d’en être. Des sons malins se font entendre, renforcent l’effort et l’accomplissent. I Don’t Mind pose des basses rondes, entêtantes. Minimal, Interior Escapes génère une approbation maximale.
Ice Cold Boogie pulse et file, prend des airs à la Kas Product. Il s’extirpe, un peu, des penchants sobres instaurés par l’opus. Le rendu est excellent, comme sur Zum Verlieben Keine Zeit on laisse les claviers s’éclater et nous broder des boucles joueuses, remuantes et concluantes. Immer das gleiche se montre plus directement céleste, s’élève, s’envole. Le chant, une fois de plus, hypnotise. La trame sonore est prenante, bien pensée. Rien à redire, Interior Escapes vaut largement qu’on y traine ses guêtres. Deny Involvement traverse les cieux, s’acidule, riffe en rafales. En Allemagne , décidément, on tient fermement les rênes de la sphère froide. Preuve en est, ces titres dont aucun ne flanche. Des travaux courts, qui prennent fin avant qu’on en fasse trop. Il va dans dire qu’à l’écoute, on s’en entiche sans chouiner.
Exposed, rythmé et « gimmickisé », terminant dans l’éclat mélodique écorché un disque uniquement disponible, sauf erreur de ma part, en version numérique. Dommage, même sa pochette plait et dans la foulée, je vais aller m’engouffrer le nouveau Das Das, similairement attrayant, un brin plus agité aussi. De quoi passer un dimanche à l’image du temps d’ici; gris et malgré ça seyant car cold, sans notes en trop ni excès de joie, porté par un album qui m’incite à aller remettre le nez dans l’ensemble de la production teutonne dédiée aux courants glacés et déviants.