Projet de Piero Quintana, de Bordeaux, consacré à du « one man made Rock’n’roll Electro Heavy Blues », Quintana Dead Blues eXperience a sorti « Older« , en 2018 et sous formule « machinisée ». Entre ce disque et celui à venir, il nous gratifie d’un EP où cette fois, son approche évolue vers une guitare fuzz à fond + voix + grosse caisse. 4 lost songs, donc, qu’il est bon de n’avoir pas laissées…se perdre car, près de l’os, rugueuses, elles touchent au vrai. Enregistrées à Bordeaux, lors du confinement, elles débutent par un I will be myself qui ne dément pas son intitulé. Fuzz à souhait, d’un blues taillé dans le granit, exempt de rythme et doté d’une voix qui s’emporte comme elle peut se faire sensible, c’est une amorce écorchée, sans fard. Is it done, chargé de lui donner suite, le fait avec les mêmes aspérités. La cadence est un peu plus marquée, le fond aussi rocailleux sans oublier, de temps à autres, de se polir vocalement. La tendance perdurera jusqu’au bout, faisant de ce 4 lost songs un EP bien campé, acéré, de la meilleure des trempes. Qui, par son esprit, m’évoque un peu ce Petit Vodo voué, lui aussi, à une posture solo extrêmement créative. Le rapprochement est créditeur, vous l’aurez compris…
Loose your pride, entre guitares tous crocs dehors et dénudé délibéré, confirme la propension du Quintana Dead Blues eXperience, quand bien même il délaisse ouvertement, pour le coup, son registre de prédilection, à se distinguer en restant complètement crédible. Passé l’effet de surprise, on profite à plein de ses morceaux « transitoires », qui tranchent avec le reste -j’entends par là, avec les productions passées- et ….dans le vif, sans s’embarrasser de détails futiles. Lost song ne dépare d’ailleurs pas, loin s’en faut. Il s’en tient à un minimalisme que des choeurs allègent, sans en écorner la portée. L’Aquitain aiguise l’attente, dans le même mouvement il me rappelle ces musiciens solo venus égayer, le temps d’un set cru, les recoins de ma ville. Dusk Whistler et ses instruments self-made, ou encore Koonda Holaa, en firent partie.
Photo et vidéo: Jessica Calvo.
On pourrait aussi mentionner l’excellent T.Lawrence, auteur d’un disque éponyme de haute volée, pour honorer la caste de ceux qui, seuls, assurent comme toute une troupe. C’est le cas du sieur Quintana, auteur d’une EP « d’attente » qui, initialement destiné à « meubler », prend finalement pour lui sens et importance. Un ensemble où il ne triche pas, se livre avec sincérité et sans recourir à la moindre supercherie. Ca fait du bien, en ces temps de fausseté, d’entendre ça. Ca permet, aussi, une expectative doublée d’espoirs dont on sait qu’il saura les combler. Dans cette optique Quintana nous livre une cuvée intense, à écouter fort et d’une traite car elle défile vite, portée par Quatre Chansons Perdues cimentées avec le talent de l’artisan confirmé et bien évidement passionné.