On sait bien peu de choses de Thee Hearses, si ce n’est qu’ils viennent de Maryland et s’essayent avec succès à un synth-punk que cet EP, porteur de cinq titres traceurs, représente fièrement. On est dans des tons cold, synthétiques évidemment, qu’un chant « de robot » lance au son d’un Insects in my brain bien percutant. La cadence est rapide, les claviers volent et, dans le même mouvement, amènent folie et vitesse. Le rendu est enthousiasmant, énergisant. Il se décline sans varier sur Septum Ring Rock, un brin plus saccadé toutefois. On pense à The Faint, à l’écoute, tout en notant l’accroche immédiate que suscitent les morceaux. L’urgence y préside, les formats réduits y incitent d’ailleurs. On ne s’embarrasse ni du superflu, ni de fioritures qui pourraient dénaturer l’effort. On sait allier, ici, vitesse et temps plus perchés. American Dreaming in the Apocalypse en fait montre; s’il fonce, ses machines brodent des airs qui peuvent se faire aussi spatiaux qu’enlevés.
Au bout du compte, on obtient un rendu uni, trépidant, qu’on prend dans les dents. Bring (The Spits), une reprise donc, laisse ses synthés faire des loopings. Synth-punk, à n’en pas douter, avec ce chant sans cesse dévié. Ca sied parfaitement à Thee Hearses, affublés par ailleurs d’une bien belle pochette aux couleurs nocturnes. S’il est bref, l’EP tient la route et dévoile des possibilités. It Came from Planet X, sur plus de deux minutes à nouveau agitées, à l’étoffe simple et pourtant marquante, se charge d’ encuver la dernière livrée. Il va s’agir, dès lors, de creuser un peu plus en avant le cas de ce Thee Hearses aux airs de Devo, dont ils égalent pour le coup, ou pas loin, la folie créatrice. Tout est dit, vite et bien. On peut difficilement ergoter sur la qualité des plages, toutes accomplies, sans aucun temps mort. En voilà assez, par conséquent, pour accorder notre crédit au projet, dont on ne sait pas même s’il inclut plusieurs protagonistes où se veut l’affaire d’un seul et même être.
Peu importe, c’est l’impact qui compte et fait la décision. De ce point de vue, Thee Hearses débute fort et convainc son monde, assurément. On lui souhaite donc de valider ce premier jet, qui s’il ne flanche pas demeure une entrée en matière à couronner d’une suite au moins égale. Thee Hearses est en tous les cas bien parti pour se distinguer, dans son créneau élagué exempt de toute flambe et attitude démonstrative.