Fichtre! Il arrive qu’on ne résiste pas. Que, pris dans le torrent d’un album reçu et destiné à sortir presque 2 mois après son arrivée dans la maisonnée, on écrive une bafouille à son sujet, direct. Sans attendre, spontanément. Pourquoi? Tout simplement parce que le skeud en question, mélodiquement percutant, juteux comme une pastèque d’ Afrique Australe, dégorge dix titres implacables. Lesquels, entre stoner, prétention 90’s, mélodies pêchues/ferventes façon Foo Fighters et immédiateté confondante, tapent dans le mille mon cher Mimile! C’est le cas des chansons de ce Rise from the ashes qui bénéficie de l’arrivée de deux nouveaux bonshommes, à savoir David Vallée (guitares/voix) et Antoine Cadot (batterie). Le raz de marée s’annonce d’emblée, quand retentit MAGICAL RIDE et sa puissance tout à la fois explosive et saccadée. Le flux est tendu: guitares, chant et rythmique s’unissent dans une pertinence qui s’étendra jusqu’aux dernières secondes de la galette normande sortie du four, ou plutôt du studio, par les gaillards de Caen. L’impulsivité riffeuse de MY CHAINS, ensuite, le laisse d’ailleurs fortement présager. ANOTHER DAY ALIVE enchaine, entre cambouis rock et mélodies tendues, comme attendu et sans jamais dénoter.
A n’en pas douter, et parce qu’on le connait et reconnait, Headcharger repart sur un tracé direct et impactant, émaillé de compos solides. DEATH SOUND, comme annoncé dans la bio, nous fait son Soundgarden. Tempo plombé, guitares lourdes et méchamment lyriques, chant bien 90’s en phase avec la sphère de Seattle nous replongent en une ère que forcément, peu d’entre nous ont chassé de leur mémoire. LOVE/HATE, mesuré, mélodieux, s’emporte ensuite et cogne rythmiquement. Au bout du compte, la qualité reste reine. On peut panser à Helmet pour l’impact des riffs, mais Headcharger vide son propre chargeur. Doué, il dessine ses lignes, bien à lui, sans être redevable à telle ou telle autre entité. A l’entrée de la face B, PIECE OF MIND file et refourgue un heavy rock trépidant, qui ne rejette pas l’encart mélodique. Ca se boit comme du p’tit lait, jusqu’à la saine ivresse sonique. SO STRANGE agit comme un pavé, leste et griffu, aux ritournelles de choix. De vigueur directe en temps plus tenus, Rise from the ashes rougeoie avec aplomb. Sébastien Pierre et consorts nous réservent là le meilleur des sorts, à grand renfort de chansons qui s’enfoncent dans les caboches.
Ainsi THE THINGS TO SHAPE, bourru et au galop, produit-il un effet durable. On ne rechigne jamais, pour le coup, à diversifier la cadence qui, souvent, reste tout de même dense. THE LAST DANCE s’en fait le digne représentant, une fois de plus on prend bonne note de ces airs pris dans l’élan d’un rock qui mord les fesses, sur lit de guitares bavardes et section rythmique qui charbonne allègrement. On en vient au terme du disque sans écornement, au gré d’une qualité de tous les instants. Rise from the ashes fait se succéder les titres de bravoure, usinés dans la mainmise. C’est une nouvelle fois dans la force de frappe vitaminée, avec le titre éponyme, que l’auditeur rendra les armes. Un break arrive, impulsé par la basse. La fin se fait rugueuse, on n’aura pas décroché car l’ensemble se déroule sans vaciller. Au mastering se trouve Alan Douches, ce qui n’est pas rien, alors que Guillaume Doussaud et Headcharger lui-même ont assuré la production de l’objet. Le boulot est impeccable, l’espoir comblé et la route de Headcharger balisée, en cette occasion, d’une nouvelle étape décisive.