Sorti, à l’origine, en 1999, Le Expand your head des Lords of Acid de Belgique bénéficie d’une réédition, remastérisée, via Metropolis Records. On a donc le plaisir de retrouver, dynamiques, variées et dansantes, les relectures de dix-sept morceaux des débuts avec en première ligne Am I Sexy?, funky et bondissant, cuivré avec emphase. L’ennui n’y a aucune prise, Lover (Cake Mix) et son électro en rafales de sons fous vient énergiser, plus encore, l’ensemble. Rough Sex (The All Night Grinder Mix), de boucles « Acid » en voix sensuelles autant que vindicatives, valide l’idée du label américain, valable. Crablous (Super Scratcher With A Golden Shower Rainbow Mix), dans un bordel électro-indus trituré, et dans ses pas As I Am, de sa voix canaille greffée à du rock électroïde, foutent à leur tour un joyeux bordel.
J’avais quelque peu zappé le projet, il me revient en tête avec ce disque et dans la foulée, j’irai me jeter les autres efforts de ces trublions hautement talentueux. Pour le moment Who Do You Think You Are?, dans un hip-hop batailleur absolument addictif, aux riffs vengeurs, se poste entre Whale et Beastie Boys. J’adore: j’ai bien fait de fouiner, en ce dimanche pluvieux, en quête de sons à décrire. I Sit On Acid (Mickey Blotter Mix), sautillante galette électro grésillante, m’en remet une goulée dans l’cornet. Avec, caractéristique de la formation du plat pays, ce vice omniprésent qui accompagne ses créations.
Pussy (Pussymphony II) riffe lui aussi, se hache, avance par secousses. L’auditeur, dans un tourbillon d’énergie pure, qui plus est inspirée, ne peut que vaciller. Et approuver. Let’s Get High (Reach Out and Touch The Sky Mix) claque du dub, du jazz-rap d’élégance au débit impétueux, dans le shaker. Trop bon! Lords of Acid ne tient pas en place, il n’aime pas non plus rester figé stylistiquement. Il brasse avec maestria, Spank My Booty (Paddles and Whipped Cream Mix) le voit flirter avec un climat blues-funk de bon aloi. Des scratches et voix de dames l’acidulent. Rubber Doll (Pucker Up Sweetie and Blow Me Up Gently Mix) sert une psychédélisme remuant, en vagues, qui vire bien vite à l’électro enfumée. Une fois de plus, c’est un carton à l’arrivée. Marijuana In Your Brain (Dope Smokin’ Mix), reggae-dub bien drogué, psychotrope (facile…), élargit le spectre musical visité. Rough Sex (Whip mix), bondieuserie électro-rock sauvage, déjante à son tour. I Sit on Acid (Satan on The ‘Cibes Mix) arrive à lier guitares trippy et râles sexuels, rythme fou et versatile. Rubber Doll (Do You Mind If We Dance Wif Yo Dates? Mix) sent le club, souterrain.
On est bien, dans ce tunnel où mijotent des versions transcendantes. Sur la fin I Must Increase My Bust (Detroit Hardcore Mix)…hardcore, boucle jusqu’à plus faim. Du coup il obsède, balourde des riffs détournés, peut aussi lasser à force de réitération. Mais il passe, facile, au beau milieu d’un navire entier de morceaux qui pulsent. C’est Lady Marmalade, à l’aide de gimmicks fatals et chants de filles viciés, qui pour finir marie traits rock et électro jamais de trop. « Voulez-vous coucher avec moi, ce soir? », entend t-on au sein de cette ultime giclée sans barrières. Pas sûr, l’écoute nous a lessivés. On s’en extirpe comblé, bien entendu, mais aussi éprouvé car Expand Your Head (Remastered), constamment jubilatoire, n’offre que peu de répit. Sa ressortie, en tout cas, ne souffre pas la moindre discussion et remet au premier plan ces Lords of Acid dont il aurait été dommage de laisser les ouvrages, aboutis, se perdre dans l’oubli.