Après un somptueux Yol chez Glitterbeat, en février dernier, Altin Gün revient déjà, et c’est ça qu’est bon, avec une nouvelle rondelle dont les gains iront au groupe de protection de la nature EarthToday. Outre cette louable cause, les Hollandais assurent musicalement, comme si quelqu’un avait pu en douter, et ficèle dix titres qui, « as usual », groovent follement et nous embarquent dans des contrées épicées. Yali Yali, de son électro orientalisante à souhait, impulse les premiers déhanchements. Le fiesta a à peine débuté que d’emblée, on se trémousse en fidèle de ce sextette à l’identité sans pareille. Qui, malignement, trouve une foule de sons déracinants. Je succombe; je l’attendais ce vendredi 23, date de sortie de cet album à danser et à rejouer sans relâche. Malatya respire le folklore, Turc et rassembleur. A toi qui ne part pas en vacances, à toi qui se morfond face à des circonstances ardues, Âlem redonnera la joie. Çarşambayı Sel Aldı offre ses volutes aériennes, légères, psych-pop. La clique joue ce soir à Nancy, à l’Autre Canal. Si seulement j’avais pu en être…mais pas le temps de pleurnicher, Kısasa Kısas délivre une coolitude dont on s’imprègne sans plus attendre. Des guitares discrètement acidulées s’invitent, pimentent le morceau jusqu’à l’amener à l’excellence.
Plus loin Badi Sabah Olmadan, rythmé, rock mais finaud, balourde lui aussi des sons addictifs, venus de contrées que seul le son d’ Altin Gün nous rend familières. Des boucles électro s’incrustent, la transe n’en est que plus folle. Cips Kola Kilit l’étend, funky, bordé de sons bien trouvés et d’un groove un brin discoïde. Rester de marbre, quand Altin Gün se manifeste, c’est quelque part faillir. Depuis un moment déjà, le groupe affine les contours d’un son entièrement individuel. J’en gigote de plaisir, c’était le cas quand la formation d’Amsterdam était signée par Les Disques Bongo Joe et bien entendu, ça se poursuit depuis son arrivée chez Glitterbeat. Özüne Özüm Kurban, dub mais pas seulement, aux riffs de là-bas, syncopé, démontre qu’en se passant de chant Altin Gün continue à enchanter. Sen Çiçeksin Ben Arı, délié et ondulant, se ramène pour serpenter dans nos sens, épris.
Psyché, mordant et suave dans le même temps, funkisant, il se place à la croisée des genres et dégage du style. A sa suite Üzüm Üzüme Baka Baka (featuring Asa Moto), un peu enfumé, raffermit un album de toute manière parfait qui, notons-le, ne sort qu’en digital et via Bandcamp. Si ça nous prive, évidement, du plaisir de l’objet, la valeur d’ Âlem nous le rendra vite indispensable. Oğlan, sa dernière virée en terres psyché aux textures variables sur le plan stylistique, conclut comme pour me donner raison. Voilà une sortie à prendre toute entière, aboutie, singulière comme l’ont toujours été les efforts d’ Altin Gün, séduisante sans discontinuer.