Discographiquement actif depuis 2011, le duo mancunien The KVB sort une poignée de titres de ses débuts, intitulée The Early Tapes. Connaissant le talent des deux comparses, on pressent un ensemble de valeur, celui-ci étant de plus remastérisé. Fait de morceaux sortis en 2010 et 2011, il en fait ressortir les textures embrumées, dreamy/shoegaze, qui se dévoilent d’abord sur le très rêveur, mais écorché avec élégance, Closing In – (2021 Remaster). Il en filtre, intacte, la dextérité de la paire à voler au vent, dans une légèreté qu’il aime à « piquoter ». Never Enough (Demo Version) – (2021 Remaster), noisy, doté d’un rythme sec, le présente d’ailleurs dans une union vocale au fond souillé qui elle aussi est à inscrire dans le rayon de ses (nombreux) arguments. This Diguise – (2021 Remaster) souffle lui une pop songeuse, vive, sertie de notes qui séduisent. Il va sans dire qu’on replonge avec délectation, après le Live at La Cigale et la sortie d’un impeccable nouveau single, dans la sphère des deux anglais. Zodiac – (2021 Remaster) l’obscurcit, dans le même temps des envolées synthétiques lui donnent fière allure.
Dans la continuité donc, The KVB poursuit sa route, jalonnée par de belles étapes. L’idée d’exhumer ses « oldies » est porteuse, Nightmares #2 – (2021 Remaster) visite un terrain underground façon Jesus and Marcy Chain qui sied tout autant au projet. Ici aussi, les sons dark et attirants sont de mise. Une trouée noisy se crée, dont émergent des scories psyché. Pour des « Early tapes », voilà un recueil qui se tient décidément bien, plaira jusqu’à son terme et créditera ses signataires en haussant souvent le tempo. C’est ce qui se produit sur Sleep Walking – (2021 Remaster), aux nappes spatiales greffées à une cadence qui se lâche. Under The Weight – (2021 Remaster) se montre aussi alerte, laisse fuser des salves crades. A qui aime les lézardes soniques, les voix paraissant lointaines, le disque conviendra parfaitement. Les mélodies y ont leur place, tantôt proprettes, tantôt salies comme on les aime.
Eyes – (2021 Remaster) apporte un côté, presque, électro-indus teinté de cold-wave. A ce duo, quoi qu’il entreprenne, tout réussit. In My Head – (2021 Remaster) vrombit, place une boite à rythmes dynamique. On n’ira pas râler, la livraison est sans dommages. On y (re)prend vite goût, comme de coutume avec Nicholas Wood et sa complice Kat Day. A l’heure de ce Slow Death – (2021 Remaster) électro/post-punk rachitique, dixième et dernier effort soutenu d’un album en gris et blanc pâlot mais d’éclat, on ressort comblé, heureux d’une part de retrouver le duo et d’autre part, de le voir revenir avec, dans le même élan, du neuf et de l’ancien relifté « maison, » enthousiasmant sur la totalité de ses compositions.