Déjà réjouissant lorsqu’il mâchouillait son Chewing-gum (avril 2020), le bordelais Fandor remet les gaz avec et nous revient En quatrième vitesse, soit peu de temps après l’effort précité, pour nous régaler de sa pop aux teintes indie, déclinée sur douze titres rutilants. C’est de la french pop, vivace, Curienne parfois, Pixienne quand ça lui prend, qui me fait toujours penser à Aline et son Regarde le ciel tout en zieutant vers La vie Electrique. Un shoegaze discret s’invite aux débats, Plus rien à craindre et son bordurage de synthés, ses guitares claires et sa rythmique soutenue font déjà le job avec grand mérite. On retrouve un Fandor inspiré qui prétend, sur ce titre, se sentir bien.
C’est aussi notre cas, d’autant qu’ Un vrai western dans mon jardin déboule en pulsant allègrement. Il trace, libère des guitares acidulées, réitère la valeur qu’on connait à Fandor dans ses mélodies. On se sent bien, porté par une énergie pop-rock bien juteuse. Dans la vallée perdue, de ses notes poppy cristallines, étend le champ et ne dénote sacrément pas. On est à nouveau lancé, je le sais, sur les traces d’un disque de choix. Pierre blanche et sa basse grasse, tout aussi concluant et noisy dans ses six cordes, nous le prouve. Le français, dans la pop comme dans le rock, a sa place et Fandor en apporte la preuve.
Dans une simplicité facilitatrice, En Quatrième Vitesse assure et rassure. Une autre vie tant pis ravit à son tour, dans une ligne ombragée bien que sensible dans le chant. Fandor sait faire, là aussi le décor est beau, sans poids en trop. Un soleil affligeant, au ralenti, souffle sa pop un brin rêveuse, piquée à la souillure lo-fi. On passe alors le cap du mitan de l’opus, que crédite ensuite Une journée sans importance. Les guitares, une fois encore, dérapent gentiment, dans une inclusion noisy qui lorgne vers les 90’s. On polit les contours avec Dans la vallée retrouvée, tranquille. L’enfer ou le paradis, en renouant avec les trames douces-écorchées que Fandor affectionne, amorce la fin de la rondelle avec un certain cachet, une certaine portée. On sait Fandor capable de tenir sur la durée, ceci étant dit on ne doute guère de la valeur de ce qui suivra.
En ce sens Nos visages apaisés, plutôt doucereux, semble marquer une baisse de régime. Dans l’énergie s’entend car en qualité, on reste fiable. Le titre éponyme lui fait suite, alertement mélodieux. En Quatrième Vitesse donc, on a le plaisir d’écouter un disque crédible et affirmé, qu’on réécoutera…En Quatrième Vitesse. La chanson se fend d’ailleurs d’un encart noisy qui en donne l’envie. Enfin Vers l’ouest, entre patine et amicales piqures sonores, conclut une oeuvre sur laquelle rien n’est négligeable. Fandor, depuis L’enfance de l’art (avril 2008), aligne les trésors self-made, d’une pop qui n’hésite pas à se hérisser, sans jamais fauter dans ses rendus. L’album en présence est par conséquent une nouvelle pierre solide à poser sur sa discographie, d’ores et déjà référentielle pour qui aime la pop d’artisan de talent.