Sacrebleu! Je ne connaissais pas ces Good Morning TV emmenés par une fille, Bérénice Deloire, et s’adonnant à une dream-pop façon Deerhoof ou encore Blonde Redhead. Il a fallu que Nicolas Jublot, programmateur du Point Ephémère, manager pour des groupes comme Bryan’s Magic Tears, TH Da Freak, Marble Arch ou encore Bad Pelicans, également au service du label Géographie qui édite ce Small talk assez délicieux, me sollicite. A la première écoute le disque, en apparence tiède, m’a poussé à refuser l’article. Ce fut un tort: la réécoute des morceaux m’a depuis happé, drapé dans un halo de ouate pop duquel s’extraient des élans enflammés. Alors j’écris, aujourd’hui, pour vanter les -nombreux- mérites de Good Morning TV qui, pour les besoins de son « diqse », s’est isolé dans une paisible maison en pierre du sud de la France. Il y a créé un studio précaire aux airs de laboratoire, bien lui en a pris puisque de ce procédé nait Small talk. Une date au Trabendo, avec les bien trop bons Tapeworms, vient par ailleurs de se tenir. J’aurais aimé en être, je ne suis toutefois pas parisien et c’est donc Small talk qui, pour combler le manque, m’offre ses jolies mélopées. Sucrées, attachantes jusqu’à ce qu’on ne puisse plus s’en détacher, celles -ci se font parfois plus piquantes, à l’harissa (Human comedy).
Remettons toutefois les choses dans le bon ordre. C’est Insomniac, à la douceur protectrice, qui amorce le bavardage et poste des climats aux syncopes dreamy-noisy du plus bel effet. Ca sent les 90’s, l’odeur est donc fortement agréable. Lethargic way, en passant d’une intro de fougue à une suite de coton, fait lui aussi sensation. C’est à…Tapeworms, pour le coup et « bizarrement », que son contenu me ramène. Mais Good Morning TV s’échine, bien et adroitement, à créer ses propres formes. Ca tombe bien, il est en forme. Entertainment assure ce mariage compétent entre doux et piquant, entièrement abouti. Tourism business pt. I riffe dans ses songes, se montre funky. Sa pt. 2 trace, plus appuyée, plus noisy par la même occasion. Small talk a des choses à dire, il le fait avec de l’éloquence. Moving image s’étend en durée, explore un terrain spatial. A sa suite Make me feel livre des volutes doucereuses, poppisantes, de bon aloi.
Photo Antoine Magnien.
Ca se précise, Good Morning TV affiche de belles promesses. S’il pourrait, plus souvent, s’enhardir et dévier dans le bouillon noise, il parvient en tout cas à créer des compositions d’un attrait récurrent. Il les orne avec goût, Emptiness overload vient d’ailleurs en faire état. On reste, avec bonheur, dans une douceur qui peut planer, virevolter, bercer comme secouer dans la minute qui suit. Sa fin se souille, répondant ainsi à mes désirs d’incartades dirty. On est incontestablement sur le bon chemin, celui d’une formation à suivre car en capacité de ne jamais se fourvoyer. Pizza delivery girl, à la batterie qui court, se saccade ensuite. Il breake, puis repart plein pot ou presque. Du tout bon, une fois de plus, à mettre à l’actif de ces messieurs-dames. Qui, aux côtés des Marble Arch, Paper Tapes ou Born Idiot, font honneur à leur structure d’appartenance.
En fin de course Blue veins, dans une pop griffue et racée, aux tourbillons bruitistes enivrants, finit plus que convenablement. Ceux-ci (ses tourbillons), dans l’opposition avec le chant, souvent avenant, amènent un plus audible. En adjoignant à ça l’unité du tout, loin d’être immuable, on tient un disque louable, jamais pris en défaut d’un point de vue qualitatif. Good Morning TV peaufine son approche, aligne les bons titres, et s’en sort avec les honneurs. On demandera confirmation, bien entendu, à l’avenir mais une chose est sûre: voilà un groupe doté de toutes les vertus nécessaires à ce qu’il puisse imposer sa patte et ses efforts.