Groupe de Montréal, THE CITY GATES a assombri ses contours depuis Collapse (avril 2013), première sortie mélodique que suivit un autre long play nommé Forever Orbiter (avril 2018). Avec Age Of Resilience et ses onze titres « post-punk gaze » qui suivent des contours éthérés ou plus directs, son identité s’affirme et on a même droit, vocalement et dans l’ornement, à des plages bruitistes à la A Place To Bury Strangers. Nowhere Nagasaki, sur moins d’une minute, déploie une dream-pop qui aurait mérité de s’étendre. Dans ses pas The Pyre lance un shoegaze aux confins de l’alerte et du mélodique, où une basse cold nous emmène en Cure. On trouve, ici, les motifs justes et le son qui va bien. Cape Of Good Hope, par sa lancinance qui vite s’emballe, évoque justement le Disintegration de Smith et consorts. Entre voix songeuse et rythme soutenu, fond vaporeux mais hérissé, on tient là une nouvelle réussite. Tending A Dead Woman’s Garden, offensif, ombrageux, devra également être rangé dans ce rayonnage. On y pense, pour l’obscurité drapée de shoegaze bruitiste, à Oliver Ackermann et ses acolytes. C’est du tout bon, sans fautes, que délivrent les Canadiens. Très à mon goût en tout cas, moi le fan de son écorché paré d’abords flous.
Avec Le silence, tout sauf silencieux, une vague cold au chant passé à l’éther, une fois de plus, mais dark et décisif quant à la portée du tout, déferle sur l’auditeur. Le niveau requis est outrepassé, THE CITY GATES n’a plus besoin que l’on valide ses dispositions. Il diversifie, de plus, son album. Roman Empire adopte un ton léger bien qu’assombri, son ambiance fait qu’une fois encore, on reste grandement attentif au rendu, un peu comme hypnotisé. Siegfried 1969, sur lequel Vlimmer assure textes et chant additionnel, allie brouillard et chant dépaysant puisqu’en Allemand si je ne me trompe, faisant mouche à son tour. Rythme sec et marqué, presque effacé pourtant, soudaines trouées vigoureuses honorent le titre, de haut vol à l’instar du reste.
Plus loin Claiming Race, souillé à la APTBS, remet une louche de noisy-shoegaze bien dark dans la marmite. De plus en plus, j’adhère. La qualité de Age of resilience lui vaut par conséquent cet article, rédigé sitôt la découverte faite. Copenhagen, au gré de tonalités dark-pop à la subtilité qu’on remarque, vient d’ailleurs mettre son grain de sel dans un disque où rien ne flanche. Slush, animé par ce dosage savant entre brume, bruit et mélodies/rêverie, charme et se fait doux-amer. Ses guitares, passées par de multiples effets, font parler la foudre et savent, quand il le faut, prendre une tangente plus posée. Mais immanquablement, le final fait son effet. Age Of Resilience a sa place, sans conteste possible, auprès des références de sa ou plutôt ses mouvances.
Foghorn’s Cry, lent et haché, lorgne une dernière fois du côté de The Cure, en l’an 89 plus précisément. THE CITY GATES, avec aplomb et en se basant sur une succession d’atmosphères qui pénètrent la tête, signe ainsi un ouvrage plus que recommandable, entre mélodies de coton, plages dark et élans bruyants que contrebalancent des tons plus doux. De tout ça, il réalise un amalgame de choix, dont résultent un série de morceaux tout bonnement irréprochables.
Bandcamp Icy Cold Records / Bandcamp The City Gates/Velouria Recordz