Mazette putain, sont d’chez moi ceux-là! Omiens, eul’80. HACHE TENDRE, y s’appellent. Y jouent un yéyé bargeot, génial, éclaté et éclatant, proviennent aussi de Strasbourg. J’aurais voulu lui dire soyons amis, l’album affublé d’un Award décerné par le conseil artistique des Marmottes de Pont de Metz, recueille neuf titres déclinés sur deux faces. La première évoque un bal de fin d’année où Valery, une pom-pom girl, rencontre l’amour et la mort à travers le même être. La seconde relate l’histoire d’une famille en vacances, condamnée à errer sur la plage à perpétuité suite à un accident fatal. Des joyeusetés que la clique joue avec morgue, où l’inverse, je sais plus trop. Toujours est-il que c’est du bon, sous des abords délirants derrière lesquels se « muchent », comme on dit dans nos contrées, un fockin’ talent musical. Pléthore de ressentis sont ici explorés, fichtre!, c’est des psycho-sociologues Hache Tendre! Ca les empêche pas de se fendre la gueule, lorsque débute Le bal de fin d’année qui twiste joliment. Y’en a toujours un qui reste à l’écart, livré en pâture à la désillusion, alors que tout le monde festoie. Ici c’est Louis, putain j’aurais jamais cru! Bref, l’entrée en matière est proprement jubilatoire. Rétroïde et pulsante, ornée avec ingéniosité. Mais ça va se gâter; Les mauvais garçons arrivent au bal.
Ayé, c’est l’bordel. Passée la joie du premier titre, c’est un surf wild qui nous tombe sur la gueule, porté par un rythme aux airs de beigne dans la gueule. Le final, pour le coup, est braillé. Ca annonce un carnage tout ça, dès lors on ne s’étonne que bien peu de retrouver Valérie, la pom-pom girl dans le canal. Le ton est lugubre, pourtant son décor est finaud bien qu’obscur. Au drame qui survient, correspond un écrin magnifique, répétitif, un peu souillé aussi, au climat presque grisant. Il y a, chez Hache Tendre, du savoir-faire et un humour porteur. Quand on voit qui est là, on comprend mieux l’attrait qu’exerce le disque. Il sort d’ailleurs chez Kakakids Records, structure helvète assez underground, que je ne peux que recommander à vous aut’ tous autant qu’vous êtes. La robe blanche, doucereux, bluesy et narratif façon Limiñanas (si si), se salope ensuite. Excellent. Mais inquiétant, en sa fin. Normal, c’est l’heure du M.E.U.R.T.R.E. Un rockab-surf joué à toute berzingue, meurtrier je dirai (facile…). Damned, ça tangue encore, et salement! Ca râpe aussi, bref ça cartonne Elton!
Après ça, on fend le bitume. Autoroute du soleil. Route dégagée. Chants en joie, rock’n’roll des 60’s sacrément enthousiasmant. Ritournelles d’orgue sans morgue, touches surfy groovy à bloc. Y’a du brio là d’dans, le bordel est de plus dansant quoique, en certains recoins, sanglant. Ah ben justement, ça dérape. Le mur. Bombinette sans nom, qui grince et ondule en même temps. Truffé de sons qu’on kiffe, que seuls les doués dénichent. Ca twiste sévère, à nouveau. Avec classe et crasse. Hache Tendre, composé d’individus dont la déviance trouve siège chez HEADWAR, TÉLÉDÉTENTE 666, FAST ARBEIT BABIES, LES MORTS VONT BIEN, KRINATOR, LE RENARD ou encore USÉ, ribambelle d’artistes à l’existence un peu trop tue, joue ensuite un Slow. Le sien, autant dans l’harmonie que dans le bancal distingué. Je profite de ce moment de pseudo-tendresse pour attirer votre attention sur les formations précitées, toutes dignes d’attention.
Avant qu’on se penche sur leur cas, Vacances pour les morts vient conclure l’effort sur un ton délié, aérien, que de belles notes -c’est une constante chez Hache Tendre, cette inspiration dans la décoration- sertissent. J’ai tout kiffé, comme attendu J’aurais voulu lui dire soyons amis (mais j’ai pas eu l’courage) se démarque et s’inscrit à l’opposé de l’aseptisé, avec son Nuke yéyé varié. En marge d’attitudes prétendument déconneuses, les musiciens mobilisés pour ses besoins affichent de foutues aptitudes, un esprit bien évidemment à contre-courant et une personnalité qui leur permet, ici comme sur bien d’autres créations, de proposer un rendu précieusement différent.