Stella Sleeps est basé à Vänersborg, en Suède. Anemic Dream est son premier EP, gracieusement mis à disposition sur son Bandcamp. Il précède un album prévu à la fin de l’année, et présente quatre titres dream-pop enchanteurs. C’est Blood, dans une spirale songeuse absolument magique, qui lève le voile sur le projet et de suite, le charme opère. Voix douce, fond brumeux, guitares entre coton et cambouis s’unissent pour, sans plus tarder, dresser un climat enveloppant. Le shoegaze y trouve place, troussé avec passion. Caught, sur un ton plus cold et plus enlevé, ajoute ensuite à l’impact d’une sortie qui, décidément, augure d’un opus magistral et aiguise l’impatience quant à sa parution. L’inattendu, l’inconnu même -jusqu’alors, rien ou presque n’avait filtré au sujet de Stella Sleeps- crée un effet de surprise appréciable. Les guitares s’enhardissent, la voix reste tendre mais ici plus appuyée. Plein de dextérité, on ne peut le nier, le (les?) Scandinave(s?) sert ou servent un premier jet de nature à nous rester en tête.
En prime ci-dessus Avalanche, tout premier morceau ayant vu le jour chez Stella Sleeps. Il vaut, lui aussi, moultes écoutes. Au troisième rang Hurt, qui m’évoque notre Jessica 93, se déploie par saccades rythmiques, fait planer ses six cordes qui, dans le même temps, rugissent amicalement. Les vocaux, une fois de plus à l’avenant, accroissent la sensation de lévitation acidulée, rêveuse jusqu’à l’hypnose, qui émane de l’écoute. Anemic Dream, plutôt bien nommé, ravira à coup sûr les 90’s addicts mais aussi d’autres castes, fort d’une qualité constante. C’est Blinds, aux envolées derechef splendides, bellissimes, gavées de motifs prenants, qui lui met fin. Son final s’emballe, en fin de compte le Dream n’est pas si Anemic que son tire le laisse présumer. Il se pare, à l’envi, d’embardées hérissées. On n’y trouve rien qui flanche, pas la moindre seconde d’ennui ou de creux.
On obtient ainsi, avec au total ces cinq titres écrits, un petit arsenal d’ores et déjà convaincant. On ne doute guère que le « long play » qui s’ensuivra validera, pour notre plus grand plaisir, des dispositions qui servent l’intérêt d’un Rêve Anémique à l’issue duquel on se surprend à différer le réveil, pris au piège d’un son à la torpeur délicieuse, qui plus est bien postée entre quiétude soyeuse et moments d’exaltation sonique. Un essai initial magnifique, porteur d’espoirs certains et de sonorités dont il est bien difficile de ne pas s’enticher sur la durée.