J’ignorais que 1919, basé à Bradford, avait débuté à l’aube des 80’s, connaissant un certain succès avant d’effectuer un break de…30 ans. Il nous revient en tout cas en pleine forme, et remonté, avec ce Citizens Of Nowhere où ses tons goth prennent des airs acérés avant de quelque peu se diluer. Bloodline (2017) et FUTURECIDE (2019) l’ont précédé, c’est personnellement avec l’opus ici présenté que je découvre le quatuor constitué de Mick Reed – Drums; Rio Goldhammer – Vocals; Sam Evans – Guitar et Simon « Ding » Archer – Bass. Borders, cold, amorce l’ensemble sur un chant aiguisé, de velours, aussi, sur certains passages. Basses profondes, guitares lyriques et mélodies noircies font le job, sans vaciller.
TV love suit, ramassé, porté par des riffs à la Killing Joke des débuts. Post-punk, typé vocalement, il crédite à son tour la formation anglaise. Celle-ci concilie rage, mélopées, soufre et grisaille british avec aplomb, forte d’un vécu qu’on ne peut lui disputer et qui, logiquement, influe sur son rendu. Feels Like Forever consolide son oeuvre, avec une finesse énergisante. 1919 tient le cap, l’allant punk de Demigod lui donne ardeur et surplus de « séduisance ». Les guitares ont la fièvre, on est là dans des créations solides, ficelées avec maitrise.
On a le bon goût, de plus, de ne pas trop en faire. Par le biais de titres plus « soft » (Only The Good) mais néanmoins vivaces, 1919 valide une forme optimale, étend son registre, et convainc de bout en bout. Singing To The Universe malaxe gothique doucereux, effluves synthétiques, et ritournelles avenantes. Jackie se syncope, presque funky mais dans le jus post-punk. L’intervention des claviers, mesurée, amène un côté atmosphérique. Sans révolutionner le genre, Citizens Of Nowhere le dote d’un disque sans défauts notoires. Sweet Blue Murder marie lui, à l’instar des autres morceaux, impact mélodique et force de frappe. L’album sort, par chez nous, chez Manic Depression Records. Ca tend, évidemment, à en asseoir la portée. Comme pour tout effort issu, par exemple, de l’écurie Icy Cold Records, celui-ci est hébergé par un label de tout premier ordre, indé en tous points.
C’est un bon…point, cela va sans dire. On arrive alors au terme du sillon, au son d’un A gilded age à la batterie speedée. Mélodique, nuancé -un peu trop à mon goût-, le final confirme l’ouverture stylistique de Citizens Of Nowhere, qu’on aurait toutefois aimé plus tranchant. Ca n’empêche pas, cependant, sa bonne tenue générale et les dispositions affichées par 1919 depuis son come-back. Dédicacé à Mark Tighe, Steve Madden et Kev Holroyd, « fallen members » du combo, Citizens Of Nowhere aurait à coup sûr satisfait ces derniers. Dans le même temps il ravira les amateurs de cold, de goth et d’airs pop, dont il assure en l’occurrence un amalgame plutôt réussi.