Au printemps 2021 Versari, fleuron du post-punk de chez nous aux reflets pop et lettrés, mettait magistralement fin à une absence discographique prolongée. Sous la peau, son album, rassemblait tout ce qu’on aime chez lui: mélodies, tension et intensité, retenue passé au soufre et comme de coutume, textes élevés. La pandémie l’ayant malheureusement coupé dans son bel élan, le trio nous fait aujourd’hui don d’un EP où apparait Brûle, l’un des titres phare de l’opus si racé, ainsi que deux remixes dudit titre et un autre de l’imparable Des images. On accueille le tout avec joie, on se prend même à espérer, exigeants, un opus à venir. Mais calmons-nous, la première étape vers le graal débute par ce Brûle qui ondule entre quiétude déliée et encarts plus en nerfs.
Dans sa version « radio edit », il conserve sa merveilleuse tenue, allie ses mélopées, belles, et une forme d’incandescence dont il a le secret. Si surprise il ne peut y avoir, isoler ce morceau permet d’en saisir, à nouveau, l’étendue. Pour la nouveauté on se réfèrera, dans un premier temps, à Brûle–An Electrogenetic remix by Gareth Jones (Depeche Mode, Einstürzende Neubauten, Nick Cave and the Bad Seeds). Contacté par Jean-Charles Versari à une heure tardive, lors du confinement, Jones accepte. Il réalise ici une version planante et syncopée, étoilée, truffée de sons trippy qui, à l’occasion, s’acidifient.
La partie relectures s’amorce donc bien, s’agissant de Versari on ne doute guère de la cohérence des choix effectués. Des images-Gadget remix par School Daze EBMise le morceau d’origine, le fait groover tous azimuts. S’il perd en puissance rock, initialement connu et reconnu pour ça, il gagne en dansabilité obscure. Club, gorgé comme le remix précédent de sons qui embarquent, il ne peut laisser les corps inertes. Il donne l’envie de tamiser les lights, de se déhancher à qui mieux-mieux au milieu du bruit et de la nuit. Versari, de toute évidence, se prête fort bien à l’épreuve du remix. Le titre stoppe presque brutalement, tout a été dit. On ne regrette qu’une chose -il est dans mes habitudes de faire de faire la fine bouche lorsqu’il s’agit de mes formations favorites-; un inédit, une petite merveille sortie du cerveau fertile de la tête pensante de Versari qu’épaulent avec aplomb ses deux complices. On l’aura et puis dans l’attente, Brûle se consume avec dignité. Brûle– Doom remix by Erica Nockalls (dont Jean-Charles vient de produire la troisième galette), chargé d’en assurer le terme, le cisèle entre subtilité et vagues de bruits psychotropes.
Photo Renaud De Foville.
Sans hâte, le final complète de manière climatique un EP de belle facture, où les ambiances diffèrent sans jurer et se succèdent sans retomber. Versari revient sous de bons auspices, démontre aussi que pour le coup, il n’est visiblement pas dans ses intentions de laisser le temps défiler. Brûle attise donc l’impatience, fait poindre l’espoir d’un prolongement rapide et séduit en proposant des morceaux revus de manière sûre. Versari franchit donc le cap des remixes, complète Sous la peau d’un EP plaisant et ce faisant, étire son champ sonore. On l’en remercie, vivement. On se met par la même occasion à guetter ses travaux à venir dont on ne peine pas à croire, connaissant ses qualités, qu’il en assurera un rendu consistant, porté par une identité reconnaissable entre mille.