Après l’approuvé Snowbound (2018), suivi du film « The Chills: The Triumph And Tragedy Of Martin Phillipps« , fort bien reçu, tout en notant au passage de somptueuses rééditions de leurs albums d’origine, The Chills reviennent avec Scatterbrain, nouvelle rondelle basée sur le songwriting de Martin Phillipps qui délivre ici une pop richement arrangée, étonnamment calme aussi…de prime abord. Trop pour moi qui, gavé à la ressortie de Soft bomb l’année passée, souhaitait un disque puissant, rock et écorché. Mais il importe, lorsqu’on à affaire à ce type de groupe, de persévérer dans l’audition. A l’arrivée, le charme opère et on parvient à s’imprégner du talent du clan Néo-Zélandais, au come-back illustré par une bordée d’efforts significatifs. Sur celui-ci, l’excellent Monolith souffle une pop-rock vive et incisive, rythmée, qui laisse présager d’un tout plutôt rentre-dedans. Enthousiasmante, l’entrée en matière dévoile un quintette en grande forme. Hourglass, dans la foulée, prend un virage bien plus folk, pop, suffisamment accompli pour qu’on s’y laisse prendre. Décor de choix, sans surcharge, et simplicité font que dans la durée, on se pliera sans trop regarder à la faible fréquences des titres enlevés.
Avec Destiny, c’est bien le cas et le propos se rapproche; en l’occurrence, d’un REM mélodieux, mid-tempo, aux mélopées enjouées et efficaces. C’est beau à entendre, troussé avec soin. On prend, tout en se tenant à l’affut du prochain morceau mordant. Caught In My Eye ne l’est clairement pas, il opte au contraire pour un ton entièrement posé. Sans démériter, on n’en est pas là, la chanson me laisse sur ma faim. Elle est, néanmoins, ornée sans faute de goût. You’re Immortal, plus soutenu, lui succède selon une dynamique entrainante. Little Alien l’imite, entre cadence pop-rock et motifs plus « orchestraux » The Chills assure un bon équilibre. Et, parallèlement, une certaine inspiration dans l’enrobage de ses compositions, sans trop en faire.
Safe And Sound, ensuite, maintient le cap. Sans être aussi « fonceur » que les tracks qui le précèdent, il livre une pop de qualité. Worlds Within Worlds, au nerf plus palpable, enchaine vivement. On continue, pour le coup, à instaurer des contours pop, que Scatterbrain fait varier au gré des envies de la clique de Dunedin. Et qui, de manière globale, laissent libre cours à un résultat sans défauts criards. D’autant que le titre éponyme, noisy, un tantinet électro, fait monter la tension. Alors The Chills, à nouveau, performe avec brio. Des créations de ce genre, en nombre, auraient porté Scatterbrain, à mon sens, vers les sommets de l’échiquier pop-rock. J’ergote, l’album est bon et il se termine même au son d’un Walls Beyond Abandon énergique, mélodiquement, cette fois encore, estimable. Et doté, on le remarquera sans peine, d’encarts fougueux.
D’abord « tiède » pour ceux qui en espéraient, venus de la caste rock, une approche plus fréquemment frontale, Scatterbrain finit malgré tout par séduire et rafler la mise. On se doutait bien que The Chills, dont la fiabilité n’est pas vraiment contestable, validerait les dispositions qui l’honorent depuis déjà des lustres. C’est chose faite, il ne reste plus qu’à lui souhaiter de conserver, tout à la fois, récurrence et qualité dans les sorties à venir et ce, à la hauteur de tout ce qui a pu survenir jusqu’alors et notamment ces derniers temps.