Déjà distingué, ici, pour deux de ses albums, le Other Houses de Morgan Enos poursuit sa route avec un délicieux EP, Twins Who Fence, chez Aagoo Records. Celui-ci lui a pris plus de temps qu’à l’habitude, à l’écoute on est loin de lui en vouloir tant le rendu, qui parcourt l’indé en se parant d’élans folk pour virer noisy et finalement se poppiser, est à la hauteur de l’attente qu’il a pu générer. On débute en effet par Wind Chimes, pièce folk au refrain qui rentre en tête, dans un étoffe sobre et douce. Mais avec de la vie car une batterie, sans fracas, vient porter le morceau lors que de jolies cordes le bordent et que des incrustes souillées, lo-fi, s’y incrustent. L’entrée en matière est magnifique, ces derniers temps Enos a connu tout à la fois un déménagement, l’union conjugale et l’achat d’une maison, puis un autre déménagement. Il a aussi écrit, énormément, en tant que journaliste musical. C’est cette période que l’ep décrit, l’éponyme Twins Who Fence et ses guitares rudes, sa trame à la Pavement un brin slacker, le consolident d’ailleurs sans rémission. On y entend, aussi, des motifs à la Mascis and Co. Ca ne peut que plaire, cela va de soi, en sus de l’excellence des compositions livrées.
Lower school, merveilleux, sucré et enjoué, pop et enchanteur, homologue une sortie qui, si elle n’inclut que quatre plages, les fait briller et envoûte l’auditoire, embaume ses jours et flatte ses écoutilles. Exaltant, mélodiquement élevé comme un Teenage Fan Club, fort de guitares claires, jouées avec inspiration et n’hésitant pas à s’enhardir, c’est l’ultime perle d’un 45 tours qui ne compte de toute façon que ça. Il tourne et retourne, ce disque, sur ma platine sans que les sensations engendrées ne baissent en intensité. Au vu du niveau affiché on se prend à espérer à l’avenir, et le bonhomme en est tout à fait capable, un long play de même teneur. Aagoo peut déjà se réjouir, son catalogue s’étaye en se parant d’un objet de tout premier ordre. Une suite sans creux ni bévues, sur laquelle on se plait à poser le saphir.
Ep concluant donc, ça n’étonnera pas grand-monde, d’un Other Houses que son fondateur porte de façon récurrente avec bonheur et au gré de belles idées, dans des formats aboutis et, de plus, aisés à assimiler. Un bonheur pour l’oreille, qui donne le smile tout en satisfaisant les envies, fréquentes, d’embardées mordantes couplées à des airs engageants. Superbe effort, aux pouvoirs de séduction assez irrésistibles.