Stephanois, Milkilo arrive avec ce Abandon à son deuxième album, tout en rappelant que nombre d’ep ont également vu le jour depuis les débuts de la paire Antony Ferreira (basse) / Gabriel Notin (batterie). Loopers, donc loops, et variété « climatique » caractérisent, en plus d’une certaine puissance qu’on pourrait rapprocher de La Jungle en moins globalement trépidant, le disque qui, de ses neuf titres bien tracés, dotés d’un groove certain et jamais linéaires quand bien même leurs plans se réitèrent, convainc sans discontinuer. Si Atlas, le dernier opus en date, remonte à novembre 2017, depuis du chemin a été parcouru. Milkilo a gagné en coffre, en pertinence. Ca lui permet à ce jour d’établir un édifice sonore de choix, entre noise instrumental et « heavy kraut » comme dit sur son Bandcamp, que lance Strah. Pavé entre céleste et pesant, puissant mais aussi aérien, qui déjà amorce les brisures de rythme inhérents à l’ensemble. Alors que Qirmzi, plus appuyé, lorgne côté…La Jungle, sans que l’identité de Milkilo n’en souffre. Le duo virevolte, fait usage de sons qui font la différence, ne laisse aucune trouée à la médiocrité. Il attaque franchement, se nuance avec autant d’assise, fait se succéder des atmosphères qu’il arrive à rendre complémentaires.
C’est bien assez, Kowloon le prouvera, pour séduire sans jamais nuire. Et faire en sorte, en dépit du « tout instru » voulu, que l’auditoire s’en mette plein la poire sans que survienne l’envie de décrocher. De coups de bélier en moments déliés, le morceau nommé ci-dessus, et par extension le disque, tapent là où ça fait du bien. Waiver, dans la foulée du trio inaugural, instaure lui aussi ce côté massif qui s’envole, servi par deux complices bénéficiant, pour cette sortie, d’une co-prod éminemment indé. Ca tombe bien, c’est dans l’esprit. Matze, avant d’aborder le second volet d’un Abandon qu’on ne laissera pas choir, progresse à la manière d’un titre doom émaillé de changements de braquets. Mais c’est bien Milkilo, affuté, inspiré, qu’on entend et qui, ici, confirme son doigté. A deux, Notin et Ferreira, bien épaulés, ne font pas dans le foireux.
Plus loin Ouroboros, ondulant, vient groover sous l’impulsion d’une basse-batterie souple et affirmée. L’atout est de poids, ça affublerait quasiment Abandon de penchants dansants. Ou, tout au moins, dansables. Où des accélérations bien placées déboulent, à intervalles réguliers, pour brusquer les compositions. Entgehen, alerte, les consolide d’ailleurs et en entérine la belle portée. Milkilo, Jusqu’ici et le morceau mentionné délivre d’ailleurs une giclée bien sentie, tient le cap et bon la barre. A l’issue la plage, d’abord frontale, prend des airs brumeux. On approuve, encore, le travail fourni. Il est alors l’heure d’en finir, l’écoute fur porteuse et amène alors un constat: Milkilo, pour son second jet, est à la hauteur des espérances qu’il a pu susciter.
Alors Joia, dans une dernière sarabande bourrue, termine avec le même aplomb. Dans l’élan de ses travaux d’avant, Milkilo s’affirme et poursuit un parcours désormais doté d’un album de qualité, un de plus, qui le voit prendre du galon et de l’envergure. Ceci tout en maintenant, en l’optimisant même, une personnalité de plus en plus reconnaissable et bien évidemment étayante.