Velvet Condom? Je viens « que seulement » de découvrir. Mais j’ai d’ores et déjà pris bonne note de deux faits significatifs: dans le projet, mené avec Oberst Panizza, figure l’excellent Alice Gift. Et à l’ep ici décrit, objet d’une réédition vinyle alors qu’il est sorti, à la base, en cd (2005) puis en cassette 10 ans après, participe Adrien « Crocodiles » Moerlen. En voilà bien assez pour quémander le son, étant au fait des aptitudes des bonshommes impliqués. Lesquels, avec cet objet aussi cold-wave que synth-wave ou électro trippy, troussent huit titres, et deux bonus, qu’on ne peut mettre en cause. Des compositions qui prennent la tête -j’entends par là, s’y incrustent et la font remuer-, pulsent et groovent sans relâche. Playgirlz, en ouverture, regroupe tout ça. Et fait sonner ses guitares, drues, à l’unisson avec ses claviers bavards. Alors que Kalter Lippenstift, chanté en Allemand, profite du cachet de ladite langue. Et d’une électro aux traits rock, pas moins probante que l’ouverture de la party sonore. « Fin bien! », diraient les amis Picards. Poison And Maquillage, sans se farder, tance une cold-wave de toute première bourre. On pousse le volume, emballé par les créations de Velvet Condom.
Fantasy kill, moins alerte, présente une facette plus climatique. Il n’empêche, l’étayage n’est pas commun. Il obsède, recourt à la simplicité, plait au delà de l’attendu. It Will Never Be Pure Again lui succède, saccadé, presque indus, traversé par des chants brumeux. Et des grincements sonores, bruts et abrupts, bienvenus. Vicié et assombri, le morceau assied la valeur de l’ep. Trash Vaudeville y réinjecte du cold, un brin Curien, complètement réjouissant. Excellent. Darkwave, machin-truc et quoi encore, on s’en fout un peu: Velvet Condom mérite amplement, et ça s’entend, qu’on ressorte son VC. Il devient ainsi fleuron de chez Fleuret, en quelque sorte, après avoir honoré le label Cymbeline Records. Dirty Me (Incorporated Whore), dans une cold-wave épurée, aux basses et volutes synthétiques bien en vue, le crédite une nouvelle fois. On ne trouve là que du bon, digne des capacités étalées. A l’issue Darling suicide, dans une veine à la…Suicide/Kas Product, termine et étend un panel dont l’intérêt ne se dément jamais.
Photo Joachim Zimmermann.
Restent toutefois deux bonus, et pas des moindres, qui donnent à la « reissue » des airs d’album…accompli bien sûr. Sick City Spleen, dans un premier temps, impose son penchant lancinant, son déroulé vicié et parfois, presque, orchestral dans certains sons. Velvet Condom évolue, avec succès et bonheur, dans la sphère cold sans toutefois s’y restreindre. Kalter Lippenstift (In Death It Ends RMX), retravaillé de manière aussi céleste que pêchue, s’étire en durée et borde le tout avec aplomb. Une voix féminine apporte sa contribution, sur le plan des « guests » le groupe vise aussi juste que quand il s’essaye à l’effort solo. VC, même une quinzaine d’années après, pourrait en remontrer à bien des projets. On salue donc l’idée de Fleuret Records, en même temps qu’on s’injecte la synth-wave minimale des strasbourgeois ayant, depuis leurs débuts, migré vers un Berlin évidemment en phase avec leur répertoire.