Pour son premier album, et après l’excellent EP Within a dream sorti en janvier dernier, le duo britannique White Flowers décline sa dream-pop, rêveuse et délectable, envoûtante, sur dix titres qui se placent, comme attendu, entre Slowdive et Cocteau Twins. Avec une vigueur légèrement plus marquée que sur l’effort précédent, Joey Cobb et Katie Drew s’adonnent à un registre teinté par la tristesse qui émane de leur lieu de résidence, dans le nord de l’Angleterre. De tout ça ressort un shoegaze songeur, qu’amorce Intro et sa brume vocale soulignée par un rythme en vue. L’effet, déjà, est significatif. Il en sera ainsi jusqu’au terme du disque, subjuguant. Night drive, saccadé, imposant ensuite ses vagues douces et éthérées, ornées par des guitares étincelantes. La magie opère, l’univers sombre de la paire fait son oeuvre et la qualité des morceaux assure une accroche forte. La vapeur du son, de temps à autres, s’efface au profit d’instants plus tumultueux. Le cotonneux reprend ses droits avec Daylight, nouvelle perle au chant de sirène sucré, au déploiement lascif, qui complète l’album avec joliesse.
Stars, taillé dans la même étoffe, pose ses strates doucereuses, ses gentes convulsions, pour asseoir de façon définitive l’emprise de ce Day by day qui, jour après jour, convertira un nombre grandissant de « fidèles ». On y retrouve des tons 90’s bien entendu, au service d’un son actuel et d’une identité décelable. C’est la patte White Flowers, Tried to call et ses giclées célestes en atteste tout en réitérant les ingrédients qui font le succès, mérité, du projet. On s’y laissera prendre sans résister, il est d’ailleurs difficile d’opposer un tant soit peu de résistance à l’ouvrage des deux comparses. On en est alors à sa moitié et l’adhésion générée, elle, est à son maximum. Chez Tough Love Records, on dispose d’ailleurs d’un catalogue de choix, que Day by Day fait briller un peu plus encore.
Entre ouate et élans soniques tempérés, Help Me Help Myself confirme. On pense à My Bloody Valentine aussi, dans ses temps de « brouillard » vocal et sonore, sur certains passages de l’opus. Lequel, vêtu de motifs splendides à la parure assombrie, spleenesque, fait valoir un titre éponyme dans la lignée du tout. Alors que Different Time, Different Place, au fond cold, sort à peine d’une torpeur qui se communiquera à tout auditeur impliqué. White Flowers vaut, aussi, par ses poussées de « fièvre », un peu trop éparses et c’est là le seul bémol qu’on pourra apposer à son effort. Portra les fait pourtant émerger, ils donnent du relief et du mordant. L’apport est certain, les secousses appréciables. Il est bon, de temps à autres, de troubler la rêverie insinuée par l’objet de noir et de blanc que nous lègue la clan de Preston.
Nightfall, justement, se montre plus alerte, rythmiquement, sans toutefois se départir d’atours caressants. Ca leur va si bien, à ces deux complices qu’on se doit d’honorer séance tenante. Leur Day by Day est très certainement l’une des meilleures surprises de ce mois de juin; ses charmes, ses vagues dreamy en font un must incontestable. La symbiose entre le chant et l’instrumentation est constante, on reste scotché aux flux et reflux prenants qu’instaure le duo. La réussite est par conséquent totale, White Flowers signant là un debut album probant de bout en bout qu’il s’agira de valider à l’avenir et de mettre en exergue dans les conditions du live dès lors que l’entreprise sera possible et permise.